Chimiothérapie 5-FU : des malades du cancer emportés par leur traitement, leurs proches vont porter plainte

Publié le 4 janvier 2019 à 18h50
Chimiothérapie 5-FU : des malades du cancer emportés par leur traitement, leurs proches vont porter plainte

PREVENTION- Quatre familles de victimes d'une allergie à une molécule de chimiothérapie s'apprêtent à porter plainte contre X, reprochant aux pouvoirs publics de ne pas avoir recommandé plus tôt un test qui aurait permis de déceler leur sensibilité.

"La cure qui devait les soigner les a envoyés au cimetière". Victimes d'une allergie à une molécule de chimiothérapie, trois patients atteints du cancer sont décédés. Leurs familles, ainsi qu'une quatrième victime gravement atteinte, s'apprêtent à porter plainte contre X, reprochant aux pouvoirs publics de ne pas avoir recommandé plus tôt un test qui aurait permis de déceler leur sensibilité, a annoncé leur avocat. Deux méthodes de tests existent pour la dépister, mais jusqu'à récemment, certains hôpitaux les pratiquaient et d'autres pas. 

"L'idée, ça n'est pas de mettre en cause le 5-FU, qui a fait ses preuves, mais d'interpeller : pourquoi, alors que l'on savait depuis plusieurs années qu'il y avait cette contre-indication en cas de déficit (de l'enzyme DPD, NDLR) et qu'il y a des tests qui existent, aucune autorité sanitaire ni aucun responsable public n'a pris comme mesure de recommander ce test avant février 2018?", souligne Me Vincent Julé-Parade. La plainte doit être déposée au pôle santé du TGI de Paris "sous trois semaines", a précisé l'avocat spécialiste du droit des victimes, confirmant une information de L'Obs.

Des toxicités sévères chez 1 patient sur 5

Le 8 février 2018, l'Agence du médicament (ANSM) a souligné l'intérêt d'un dépistage systématique, tout en estimant qu'il n'y avait "aucun consensus (...) sur les modalités" de ce dépistage. Et le 18 décembre, l'Institut national du cancer (INCa) et la Haute autorité de santé (HAS) ont recommandé la réalisation systématique d'une de ces deux méthodes de dépistage, "pour prévenir certaines toxicités sévères" des chimiothérapies par 5-FU. "Les fluoropyrimidines peuvent entraîner des toxicités sévères chez 1 patient sur 5, voire des décès (entre 1 patient sur 100 et 1 patient sur 1000). Une partie de ces toxicités est liée à un déficit d'activité" de l'enzyme DPD, soulignait l'INCa, précisant que ce "déficit peut être partiel (3 à 5 % des patients) ou total (entre 0,01 % et 0,5 % des patients)".

La molécule en cause, le 5-fluorouracile dit 5-FU ou capécitabine, est très fréquemment utilisée dans les chimiothérapies, seule ou avec d'autres anticancéreux. Chaque année en France, 80.000 personnes atteintes d'un cancer - principalement digestif, du sein ou ORL - sont traitées par ce médicament, selon l'INCa. Mais chez certains patients, qui présentent un déficit total ou partiel d'une enzyme particulière, les effets toxiques du 5-FU sont décuplés. Il faut alors diminuer la dose ou utiliser d'autres molécules.


La rédaction de TF1info

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