Son père est mort du coronavirus : le témoignage poignant de Vanessa

Publié le 22 mars 2020 à 22h46
Son père est mort du coronavirus : le témoignage poignant de Vanessa

TÉMOIGNAGE – Dans un entretien accordé à Sept à Huit, la jeune femme est revenue sur la mort brutale de son père, contaminé par le coronavirus (Covid-19). Elle raconte la fulgurance de la maladie et son enterrement à l'heure des gestes barrières.

Vanessa a choisi de parler pour qu'on mette un visage sur ce décompte macabre auquel la France doit désormais s'habituer. Elle a perdu son père à cause du coronavirus (Covid-19) et dans des circonstances dramatiques. Un homme de 70 ans qui travaillait encore, faisait du sport et n'avait aucun problème de santé. Vanessa raconte la fulgurance de la maladie et son enterrement, dans le respect des gestes barrières. "Mon père est parti en même pas une semaine", soupire-t-elle. 

Une disparition aussi soudaine que tragique, à laquelle personne ne pouvait s'attendre. "Il a commencé à avoir de la fièvre, un petit 38°C, le 29 février. Il s'est rendu chez son médecin généraliste avec ma mère, le lundi 2 mars. On lui a dit que c'était un symptôme grippal", relate Vanessa. Aucun test de dépistage du coronavirus (Covid-19) n'est alors réalisé sur lui. 

"Elle pensait qu'il dormait, mais il était déjà parti"

Mais dans les jours qui suivent, la température, elle, continue de grimper. "Le jeudi, il avait 39°C. Dans l'après-midi, ma mère a donc décidé d'appeler le Samu". Mais il ne tousse pas et les soignants n'y voient rien d'autre qu'une petite grippe. "Ils lui ont dit de retourner voir son médecin". Lui non plus, pas plus que les infirmiers du Samu, ne constate de problème respiratoire. "Mon père est rentré à la maison, il a mangé puis s'est couché", raconte Vanessa. Mais dans la nuit, les problèmes respiratoires ont commencé soudainement. 

Et les choses se sont accélérées. "Il toussait très fort, suivi d'un râle. Ma mère a entendu comme du liquide couler dans ses poumons", relate la jeune femme. Mon père a demandé à ma mère d'aller lui chercher les médicaments que le médecin lui avait dit de prendre. Le temps qu'elle aille les chercher, il s'était assoupi. Elle pensait qu'il dormait. Mais il était déjà parti", raconte Vanessa, les larmes aux yeux. Sa mère a appelé le Samu. "Ils ont mis une heure à arriver, ils étaient certainement débordés. Ils ont déclaré la mort de mon père le vendredi 6 mars à 8h12", retrace-t-elle.

Les médecins n'ont pas fait de test sur la mère de Vanessa

Les prélèvements effectués sur le corps de son père ont révélé qu'il avait le coronavirus. "La toux, il l'a eue à la dernière minute, souligne-t-elle. On ne connait pas encore bien le coronavirus. Je pense que cette maladie est beaucoup plus complexe qu'on ne le pense." En apprenant la disparition de son père, elle et ses sœurs prennent le premier avion. Leur première réaction, une fois sur place, a été d'appeler l'Autorité régionale de santé (ARS). "On voulait [le faire] pour savoir si on pouvait approcher notre mère. Ils nous ont répondu que oui",  se souvient Vanessa. 

En dépit de la menace éventuelle, les médecins n'ont pas fait de test sur la mère de Vanessa. Deux jours seulement après la mort de son mari, les premiers symptômes ont pourtant commencé à apparaître. "Elle avait un petit 38°C. Elle toussotait. Nous avons appelé le Samu. Et les tests ont montré que ma mère était elle aussi positive au coronavirus. Mais ils ne l'ont pas voulu la garder à l'hôpital. Les infirmiers lui ont simplement donné deux masques", désole-t-elle. S'en suit une longue période de confinement pour elle, son mari et ses enfants, sa mère ainsi que ses sœurs.

Nous avons enterré mon père le 17 mars. Personne n'a pas pu voir son corps"
Vanessa, dont le père a été victime du coronavirus (Covid-19)

Depuis le 6 mars, la famille vit en huis-clos. "Nous avons enterré mon père le 17 mars. Personne n'a pas pu voir son corps". A cause du coronavirus, le père de Vanessa n'a pas eu le droit à une mise bière ni à une toilette funéraire. "Vous imaginez, à quel point ça peut être dur ? Il n'a pas pu avoir un enterrement digne, se désole-t-elle, en larmes. La veille, nous avons envoyé un message à tout le monde en disant : ne venez pas. Ce n'est pas grave. Prenez pas de risque (...) Et nous ferons une belle cérémonie pour la pose de la pierre tombale."

Comme beaucoup de Français, Vanessa n'a pas tout de suite pris la mesure de la gravité de l'épidémie de coronavirus (Covid-19) qui, après la Chine, touche actuellement de plein fouet l'Europe. Mais depuis la disparition de son père, elle s'en méfie comme de la peste. "Au début, j'étais comme la plupart des gens, reconnaît-elle. J'entendais aux informations que la grippe faisait plus de victime que le coronavirus. Mais quand cela vous touche personnellement, c'est toute votre vie qui est dévastée." Son père n'avais aucun problème, comme l'autopsie le révélera. "Il n'avait rien, juste le coronavirus. Cela prouve bien que cela ne touche pas que les personnes fragiles", déplore-t-elle.


La rédaction de TF1info

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