"Street pooling" : qu'est-ce que cette pratique illégale et que risquent ceux qui s'y amusent ?

Publié le 17 juin 2022 à 16h42

Source : Sujet TF1 Info

À chaque épisode d'intense chaleur, apparaissent des images d'individus se rafraîchissant sous les eaux projetées par des bouches à incendie.
Totalement illégale, la pratique du "street pooling" n'est pas sans danger.
Elle peut causer blessures, électrocutions, coupures d'eau potable, et entrainer des difficultés pour les pompiers en intervention.

Le phénomène est récurrent : à chaque vague de chaleur, des bouches à incendie sont prises d'assaut par des habitants qui tentent de profiter de l'eau projetée. Un acte de vandalisme dont les municipalités, comme les pompiers, se passeraient bien. Car en plus d'entraîner des blessés, ces utilisations intempestives des bouches à incendie compliquent le travail des soldats du feu. 

Pourquoi cette pratique est-elle dangereuse ?

Une fois la bouche à incendie ouverte, et jusqu'à ce que les soldats du feu interviennent, ce sont des centaines de litres d'eau qui se déversent dans la rue, entraînant une baisse de pression dans le réseau. En cas d'intervention des pompiers pour lutter contre un incendie, il devient alors compliqué d'utiliser ces bornes pour éteindre les flammes.

Une baisse de pression qui peut aussi entraîner des coupures d'eau potable. De plus, les jets libérés peuvent atteindre plusieurs mètres de hauteur et peuvent facilement atteindre le réseau électrique avec un risque d'électrocution. Les immenses flaques créées sur la chaussée sont également très dangereuses pour la circulation. Effet d'ameutement oblige, les voitures sont empêchées de circuler, quand elles ne risquent pas de s'embarquer dans un aquaplaning tout aussi dangereux. 

Sans oublier que les quantités d'eau gaspillées peuvent être impressionnantes. "Une bouche incendie ouverte représente 80 m³ d'eau potable perdue par heure", soulignait en 2019, pour TF1info, Christophe Perrod, directeur technique au Sedif, le Syndicat des eaux d’Ile-de-France. 

Enfin, l'un des risques concerne la sécurité des riverains ou des personnes qui s'adonnent à la pratique. Ainsi, en 2019, un enfant de 6 ans s'était retrouvé dans un état grave après avoir été projeté en l'air par le geyser provoqué par l'ouverture d'une bouche à incendie à Saint-Denis. Transporté à l'hôpital avec un pronostic vital engagé, il s'en était finalement sorti indemne.

Quelle est son origine ?

Aujourd'hui honnie, cette pratique a pourtant plus d'un siècle d'histoire derrière elle. Les premières traces de son existence nous font retourner à New York, lors de la canicule historique de 1896. Après des semaines d'une chaleur intense, la ville demanda l'ouverture des bouches à incendie pour nettoyer les rues débordant d'odeurs nauséabondes, encombrées par les détritus et des carcasses de chevaux, morts de chaud. Une fois les avenues débarrassées des immondices, les New-yorkais profitèrent des jets d'eau pour se rafraîchir. Les autorités n’intervinrent pas, car cette canicule fît à l'époque plusieurs centaines de morts. 

Puis, l'ouverture des bouches s'est pérennisée à chaque forte chaleur dans les grandes villes américaines. Un phénomène appelé le street pooling, que l'on peut traduire par "piscine de rue". En 2007, la ville de New York s'est mise en tête de réguler cette pratique vielle d'un siècle. Plutôt que de l'interdire, les pompiers new-yorkais distribuent, depuis, des "bouchons de pulvérisation" aux habitants qui en font la demande. Placés sur la borne, ces bouchons laissent échapper des filets d'eau bien moins puissants que l'ouverture totale des vannes et permettent de se rafraîchir sans gaspiller trop d'eau ou se blesser sous la pression. 

Que risque ceux qui s'y amusent ?

Il n'existe pas, dans la loi, de sanctions spécifiques contre les ouvertures de bornes à incendie. Les contrevenants risquent une peine pouvant atteindre cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende, d'après le Code pénal, pour la destruction, la dégradation ou la détérioration d'un bien destiné à l'utilité publique et qui appartient à une personne publique ou chargée d'une mission de service public. 


La rédaction de TF1info

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