Un numéro pour répondre aux pulsions pédophiles : comment fonctionne la ligne d'écoute ?

Publié le 20 novembre 2019 à 15h18
Un numéro pour répondre aux pulsions pédophiles : comment fonctionne la ligne d'écoute ?

PÉDOPHILIE - Un numéro de téléphone a été mis en place mardi pour les personnes attirées sexuellement par des enfants. Son but : évaluer la situation et orienter si besoin vers les dispositifs de soins adaptés.

"Agir à la source" pour éviter l'irréparable : c'est l'objectif du numéro mis en place depuis mardi par la fédération française des Criavs (Centres ressources pour les intervenants auprès des victimes d'agression sexuelle). Un numéro destiné aux personnes attirées par les enfants, afin de leur proposer une écoute et une prise en charge.

"Ceux qui appellent le 0 806 23 10 63 vont atterrir sur une plateforme, qui va demander leur numéro de département afin de les rediriger ver le Criavs le plus proche, détaille à LCI Ingrid Bertsch, psychologue au centre Val-de-Loire et co-référente du projet. On leur propose une première évaluation avec un soignant (un psychologue, psychiatre, infirmier, éducateur). Si ce professionnel estime que cela est nécessaire, on redirige la personne vers une prise en charge adaptée à sa difficulté."

"Ces gens-là ne savent pas à qui en parler"

"Nous voulons proposer du soin, une écoute, une évaluation de la prise en charge en amont", assure Ingrid Bertsch. Selon la psychologue, ce numéro – garantissant la confidentialité de celui qui appelle - résulte d'une prise de conscience des équipes de terrain. "Nous nous sommes rendus compte aux Criavs qu'un certain nombre de patients qui ont commis des faits de violences sexuelles sur mineurs sont des personnes qui, parfois, avaient pu repérer certaines de leurs difficultés, en particulier leurs fantasmatiques sur des enfants. Ces gens-là ne savent pas à qui en parler, ou ont rencontré des professionnels qui n'étaient pas en mesure de les aider."

Comme le rappelle Marianne, qui a révélé ce mercredi la création du numéro, l'idée d'une "helpline" n'est pas nouvelle. Un dispositif similaire a en effet été mis en place en 2002 au Royaume-Uni et en 2005 en Allemagne. Avec un certain succès : 10.500 personnes ont utilisé le numéro allemand. "Ces approches ont donné lieu à 2.894 évaluations et 1.554 offres de thérapie", précise l'hebdomadaire sur son site.

Cinq régions concernées

En France, le projet est dans les tiroirs depuis "seulement" quelques mois. Notamment car le volet répressif du sujet est souvent privilégié. La prévention, elle, n'en demeure pas moins une nécessité, estiment les professionnels, sollicités par des individus en quête d'écoute. Ingrid Bertsch : "Les Criavs reçoivent déjà des appels de patients qui nous disent : "Je ne suis pas très à l'aise avec ma sexualité, il y a quelque chose qui ne va pas, j'ai une attirance pour les enfants donc j'aimerais ne pas faire de mal et travailler là-dessus".

Pour l'heure, seules cinq régions vont recevoir les appels passés au numéro crréé par les Criavs. A savoir l'Occitanie, la Paca, la Nouvelle Aquitaine, le Centre Val-de-Loire et l'Auvergne. La phase de test doit durer quelques mois, avant une éventuelle extension au territoire nationale. C'est en tout cas le souhait de la psychologue : "Il y avait jusqu'ici peu d'opportunités d'offrir une main tendue à ceux qui ont repéré leurs fantasmatiques pédophiles et ne savent pas à qui en parler".


Thomas GUIEN

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