Nouveau bac : les perturbations se multiplient, Blanquer prêt à lâcher du lest

Publié le 6 février 2020 à 20h03, mis à jour le 7 février 2020 à 6h31

Source : JT 20h Semaine

BAC - Les tensions montent autour du nouveau baccalauréat. Des proviseurs ont été menacés de mort et des CRS ont même dû être appelés en renfort.

Les premières épreuves du nouveau baccalauréat, qui ont commencé le 20 janvier, se déroulent dans un climat d'extrême crispation. Plusieurs dizaines de lycées sont bloqués par des élèves et parfois par des enseignants, qui refusent les modalités du nouvel examen. Dans certaines villes, des arrestations d'élèves mineurs ont eu lieu, des affrontements avec la police également.

Des cris de colère devenus récurrents depuis deux semaines. Au lycée Gustave-Eiffel à Gagny en Seine-Saint-Denis, trois épreuves communes du bac ont été déjà été organisées. Trois blocages aussi. "On est toujours dans le pacifique, aucune violence", assure un lycéen qui témoigne anonymement ,"mais on veut toujours bloquer l’accès pour dire : vous ne rentrez pas." L'épreuve de ce jeudi est celle d’histoire-géographie, seul un élève sur trois a finalement pu composer. 

Une chaîne humaine devant le lycée Guist’hau à Nantes pour dénoncer les violences policières

Une situation qui devient de plus en plus difficile à gérer pour le proviseur Thierry Sursin (ID-FO): "ce ne sont pas nos élèves qui mettent en danger mais c’est bien l’inquiétude par rapport à d’autres élèves ou d’autres personnes étrangères, ou d’adultes qui voudraient aussi en découdre." Lundi six élèves de l'établissement ont été placés en garde à vue après avoir muré l'entrée du lycée. Des arrestations qui ont lieu à plusieurs endroits en France. Au lycée Marie-Curie de Strasbourg, deux lycéens ont été interpellés jeudi matin. 

La semaine dernière, des affrontements ont aussi eu lieu avec les forces de l’ordre au lycée Guist'hau à Nantes. Jeudi dernier environ 200 élèves ont dressé une barricade tôt le matin devant leur établissement. La police est intervenue et des gaz lacrymogènes sont alors lancés. Une semaine aprèsn lycéens, professeurs et parents ont formé une chaîne humaine au même endroit pour dénoncer cette escalade de violence, jugée "inacceptable" par une parent d'élève.

Un "mur du mépris" devant l'entrée du rectorat de Bordeaux

À Bordeaux environ 200 opposants à la réforme des retraites et du bac, rejoints par le candidat aux municipales Philippe Poutou, ont érigé devant l'entrée principale du rectorat un "mur du mépris" en parpaing pour dénoncer la politique gouvernementale et la répression policière. "C'est le mur du mépris, car on n'a aucune réponse de la part de notre ministère depuis plusieurs mois, plusieurs semaines", sur la réforme du bac et des retraites, a déclaré Jean-Pascal Meral, secrétaire académique du Snes-FSU. La rectrice de l'académie Anne Bisagni-Faure "a condamné l'entrave à l'accès aux postes de travail des agents du rectorat".

Mercredi, au lycée Victor et Hélène Basch à Rennes, des épreuves qui avaient été reportées ont été organisées sous protection policière, pour les élèves de deux lycées particulièrement mobilisés. À proximité du lycée, plus d'une dizaine de fourgons de police étaient stationnés et une dizaine d'entre eux filtraient l'accès durant la matinée, face à une cinquantaine de manifestants.

15% des lycées aux épreuves perturbées selon le ministère, trois fois plus selon le principal syndicat de proviseurs

Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer s'est dit prêt jeudi à "faire évoluer" les prochaines épreuves de contrôle continu prévues à partir d'avril et dont la première session est actuellement perturbée dans de nombreux établissements. "Dans l'immense majorité des cas, ça s'est passé de manière normale, dans d'autres cas il y a des critiques et il faut bien sûr les entendre", a reconnu Jean-Michel Blanquer jeudi, répondant à des journalistes.

Il s'est ainsi dit prêt à "faire évoluer" la session suivante, prévue de mi-avril à fin mai, "dans le sens de la simplicité". Selon le ministre, pour le moment 85% des établissements ont pu passer les épreuves normalement, et 15% ont été "troublés par des blocages, des manifestations liées à l'intervention, souvent, d'éléments extérieurs". Parmi ceux-ci, "un bon tiers" ont dû reporté les épreuves, tout au long du mois de février.

Le premier syndicat des chefs d'établissement (SNPDEN) estime de son côté que les épreuves se sont passées correctement dans 87% des établissements mais que des perturbations mineures ont eu lieu dans 43% des lycées. Les personnels de direction ont été parfois pris à partie lors de ces mobilisations: 12 ont été menacés, 25 insultés et 8 violentés physiquement, selon son enquête publiée mercredi par le syndicat.

Le comité de suivi du nouveau bac doit tirer le bilan de la première session d'épreuves en mars. Selon l'un de ses membres, il devrait proposer d'alléger nettement leur organisation pour la deuxième session. "Le problème n'est pas l'organisation des E3C, mais le fait que des personnes les troublent", a estimé le ministre. Dans le cas, où les épreuves ont été perturbées ou reportées, il a assuré que l'institution regardait "au cas par cas" comment faire pour qu'ils aient bien une note à la fin.


La rédaction de TF1info avec AFP

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