La délinquance est-elle en train de gagner du terrain à Bordeaux ?

Virginie Fauroux et Guillaume Ployé
Publié le 7 septembre 2020 à 21h59, mis à jour le 8 septembre 2020 à 12h13

Source : TF1 Info

INSECURITE - Ville d'ordinaire paisible, la violence a peut-être franchi un cap à Bordeaux, avec des agressions et des incivilités qui se multiplient.

Y-a-t-il ou pas une insécurité grandissante dans les grandes villes ? C'est une question qui  va bien au-delà du débat d'experts puisqu'elle divise aussi les responsables politiques. Dans certaines agglomérations, la réalité des derniers mois semble incontestable. C'est le cas notamment dans certains quartiers de Bordeaux, ville d'ordinaire plutôt paisible. 

Bryan Satterfield, agent de sécurité dans une grande surface, livre ainsi un témoignage accablant sur l'insécurité qui grandit dans le quartier de la gare où il travaille. Chaque jour ou presque il est témoin de scènes de violence : "Beaucoup d'agressions, beaucoup de racket, beaucoup de conflits à régler, des interpellations musclées à faire. Et ça va beaucoup plus loin, c'est-à-dire que les coups de couteau sont devenus banals en fait", raconte-il au 20H de TF1, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête de cet article.

Des affrontements de plus en plus violents

Autre exemple, dans le quartier Saint-Michel, dans le centre-ville de Bordeaux, il y a quelques jours, un contrôle de police a tourné à l'émeute en pleine journée. Le trafic de stupéfiants y a toujours existé, mais les affrontements sont désormais de plus en plus violents, comme en témoigne un commerçant. "C'est une guerre des gangs, une guerre de territoire. C'est des rixes toute la journée, soit entre eux, soit vis à vis des forces de l'ordre, ce qui n'existait jamais auparavant", dit-il.

"Jamais on a vu ça et maintenant périodiquement, on ne sait pas pourquoi, ça part en vrille, ça pète", renchérit Driss Ben Haddou, le président de l'association des commerçants du quartier Saint-Michel. L'image lisse de cette ville réputée tranquille en prend donc un coup avec des actes de violence qui se multiplient ces derniers mois. Blessures à l'arme blanche, vols à l'arraché : rien qu'en juillet et août, 124 agressions ont été recensées, soit 39% de plus qu'en 2019.

Ce qui ne rassure pas la population. "Je regarde à deux fois avant de rentrer à la maison, je ne plaisante pas. J'ai toujours peur que quelqu'un me mette une lame", s'offusque ainsi un habitant.

De plus en plus de mineurs

A Bordeaux, la police est aussi confrontée à une nouvelle forme de délinquance plus récente, celle engendrée par certains mineurs isolés. ils sont impliqués dans 44% des faits de violence au premier semestre 2020, contre 12% l'an dernier. "On a vu arriver une population importante de mineurs non accompagnés, en provenance d'Afrique du Nord, Marocains ou Algériens, se disant ou étant mineurs, donc on a une problématique de réponse pénale", souligne Patrick Mairesse, le directeur départemental de la sécurité publique de la Gironde.

Ce que corrobore l'adjoint au maire (EELV) de Bordeaux, en charge de la tranquilité publique : "Il y a effectivement une prise en charge par les dealers de la grande délinquance qui s'approprient cette main d'oeuvre facile et dépendante", indique Amine Smihi. Certains élus et syndicats de police réclament désormais des effectifs supplémentaires pour les forces de l'ordre pour faire face à ces agressions répétées.


Virginie Fauroux et Guillaume Ployé

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