Le combat quotidien de Paul, l'ex-champion des "12 coups de midi" atteint d'Asperger

par Léa LUCAS
Publié le 1 décembre 2020 à 17h07

Source : JT 13h WE

TÉMOIGNAGE - Les caméras de TF1 ont retrouvé Paul, candidat emblématique du jeu "Les 12 coups de midi". Le jeune homme, atteint du syndrome d'Asperger, raconte son intégration difficile dans une société qui "n'accepte pas les différences."

Il a brillé durant de longues semaines sur le plateau des "12 coups de midi" : 152 victoires au total, pour près de 700.000 euros de gains. Un candidat hors norme, qui s'est même payé à plusieurs reprises le luxe de corriger des fautes dans les questions qu'on lui posait. Mais Paul s'est aussi distingué en faisant connaître aux millions de spectateurs de l'émission le syndrome d'Asperger dont il est atteint. Un trouble sans déficience intellectuelle mais qui le rend imprévisible.

"Je l'ai dit dès le début pour planter le décor, pour ne pas qu'on soit étonné de potentiels comportements singuliers de ma part", explique-t-il devant les caméras de TF1 parties le retrouver. 

À l'aube de la vingtaine, l'étudiant passionné d'Histoire, qui vient d'intégrer le casting des Grosses Têtes de Laurent Ruquier,  est devenu une vedette du petit écran... mais il est seul hors des caméras. Son handicap freine ses relations amicales avec les autres élèves. "Je cherche des gens avec qui parler un peu, confie-t-il, le regard triste. Mais, il n'y a pas forcément de liens sociaux qui se créent autour de moi. Les groupes sont déjà formés, c'est difficile de rentrer dedans. Aller vers les autres n'est pas inné." 

Une surcharge sensorielle

Paul est accompagné par des psychologues et des éducateurs. On lui apprend notamment à gérer son emploi du temps. "Il est en surcharge. Il a beaucoup de choses à penser au niveau sensoriel, des stimuli peuvent le gêner", explique sa psychologue.   

Le monde qui l'entoure va trop vite à ses yeux. "Les gens sont pressés de tout, ne s'arrêtent pas, ne prennent pas le temps, ne méditent pas, ne lisent plus vraiment, soupire le jeune homme. C'est angoissant, bruyant, mouvementé." 

Quand la pression est trop forte, il se réfugie dans les livres, à l'écart de la société. "C'est une société qui ne nous accepte pas dans nos différences, c'est une société autocentrée sur ses principes et ses normes, déplore l'ancien candidat à succès. Des fois, on n'a pas envie de subir cette réalité-là. Du coup, on se terre dans l'histoire du monde." 

Son avenir, Paul ne l'imagine pas ailleurs que dans la nature. Il est prêt à s'engager pour la préserver. "La fonte des glaciers, la disparition des espèces. On ne peut pas continuer comme ça sous peine de se retrouver seul au milieu de notre propre chaos", dit-il. Des propos qui résonnent avec ceux de la Suédoise Greta Thunberg, elle aussi atteinte du syndrome d'Asperger. Sur ce terrain-là, ces deux jeunes figures médiatiques sont en total accord avec leur génération. 


Léa LUCAS

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