Lubrizol : un rapport de l'assureur de l'usine pointait les risques d'incendie quelques jours avant le drame

Publié le 7 février 2020 à 22h54

Source : TF1 Info

DYSFONCTIONNEMENT - Treize jours avant sinistre qui a frappé l'usine Lubrizol le 26 septembre 2019 à Rouen, une inspection de l'assureur FM Global pointait du doigt les risques d'incendie sur le site en raison de failles dans le dispositif de sécurité.

L'entreprise Lubrizol savait-elle que des failles existaient dans le dispositif anti-incendies de son usine rouennaise ? Tout laisse à penser que oui, à en croire Mediapart et Le Monde qui ont eu connaissance d'un rapport de l'assureur américain de la société. Le 13 septembre 2019, soit treize jours avant le sinistre, une inspection de la compagnie d'assurance FM Global notait que le site présentait des risques d'incendie en raison de plusieurs problèmes. 

D'après ce rapport, que nous avons pu consulter, l'assureur a notamment alerté Lubrizol sur des conteneurs en plastique qui en cas d'incendie, "fondraient rapidement et le liquide inflammable se répandrait sur le sol". "Ce feu se propagerait rapidement à l'ensemble du bâtiment, entraînant sa destruction totale", écrivent les experts. Exactement ce à quoi les pompiers ont été confrontés au cours de leur intervention. L'enquête administrative révèle de son côté que ces fûts sont en partie responsables de la propagation rapide des flammes, avec pour conséquence, la destruction de deux bâtiments. 

Des extincteurs déclenchés trop tôt

Ensuite, ce que l'on appelle les "sprinklers". Un système d'extincteurs fixés en hauteur qui se déclenchent en cas de chaleur excessive. Le 26 septembre au soir, ils se sont déclenchés "trop tôt", expliquent nos confrères du Monde. "Si bien que lorsque les soldats du feu arrivent sur le site, la réserve incendie de Lubrizol (2000 mètres cubes d’eau) est déjà bien entamée", souligne le quotidien. Les experts préconisaient alors un renforcement du système. 

En janvier dernier, le parquet de Paris a élargi l'enquête en pointant des manquements de sécurité de la part des deux entreprises, Lubrizol et Normandie Logistique. Le parquet a demandé aux juges d'instruction, qui enquêtent sur l'origine du sinistre, d'élargir leurs investigations à une série d'irrégularités dans l'exploitation des deux sites "ayant porté une atteinte grave à la santé, la sécurité, ou dégradé substantiellement" l'environnement. 

Il relève également que sur le site rouennais de Lubrizol, classé Seveso seuil haut, "un réseau de caniveaux et un dispositif de confinement insuffisants n'ayant pas permis de collecter l'ensemble de la nappe enflammée" et l'absence de "dispositif de détection incendie sur les lieux de stockage extérieur" situé près des deux bâtiments qui ont brûlé. 

Pour les riverains, les questions subsistent, notamment sur les éléments qui se sont infiltrés dans le sol de leurs jardins ou exploitations. Me Jean-Sébastien Waysse, avocat du collectif Lubrizol, reconnait que "se mettre aux normes en trois jours, c'est difficile". "En revanche, suspendre l'exploitation me paraissait essentiel", dit-il. 

L'entreprise explique pour sa part ne pas avoir les moyens de suivre l'ensemble des recommandations faites par les experts, "des investissements qui nécessitent d'arrêter les installations et de prendre du temps pour investir", explique la directrice générale de Lubrizol France, Isabelle Striga. Reste que malgré ces failles, Lubrizol explique avoir toujours été en conformité avec la loi. Voilà pourquoi certaines associations demandent un durcissement de la réglementation. 


La rédaction de TF1info

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