"Si vous voulez rester en vie, vous rentrez chez vous" : les menaces d'un CRS, une vidéo... datée

par Claire CAMBIER
Publié le 11 décembre 2019 à 12h01
"Si vous voulez rester en vie, vous rentrez chez vous" : les menaces d'un CRS, une vidéo... datée
Source : Capture d'écran Youtube -

A LA LOUPE - Une vidéo montrant un CRS menacer un homme a été diffusée sur les réseaux sociaux, ce mardi 10 décembre, date de la deuxième manifestation d'ampleur contre la réforme des retraites. La scène s'est en réalité déroulée en décembre 2018. LCI revient sur les faits.

Mardi matin, avant même que les différents cortèges de la manifestation contre la réforme des retraites ne se mettent en branle, émerge une vidéo sur les réseaux sociaux. On y voit un CRS, casque sur la tête, la visière relevée mais le visage caché par un passe-montagne, invectiver ce qui semble être un manifestant. "Si vous voulez rester en vie, vous rentrez chez vous !", lâche-t-il passablement énervé.

La vidéo, publiée sur le compte Facebook Je vais vous dire à 8h40, comptabilise 53.000 vues et 2300 partages en 24 heures. Elle a été reprise sur différentes pages de Gilets jaunes, à l'instar, de Fly Rider infos blocages - Fly Rider étant le surnom d'une des figures du mouvement, Maxime Nicolle.

Capture d'écran Facebook

Aucune indication sur la date à laquelle s'est déroulée cette scène n'est donnée. Contrairement à ce que beaucoup d'internautes ont pensé, elle n'est pas récente et date en réalité de décembre 2018. Nous la retrouvons ainsi sur la page YouTube de Gilet jaune actu à la date du 9 décembre 2018, ainsi que sur la page Vimeo de Raymond Macherel. Ce dernier en est l'auteur.

Sur Twitter, l'homme expliquait avoir filmé cette scène le 8 décembre 2018, à proximité de la gare Saint-Lazare à Paris. Cet "acte IV" des Gilets jaunes avaient été marqué par des heurts survenus sur les Champs-Elysées et le déploiement de véhicules blindés de la gendarmerie.

Raymond Macherel, qui tient par ailleurs un blog Médiapart intitulé La vie est à nous, destiné en premier lieu au cinéma documentaire, y avait consacré un article pour expliquer le contexte. L'homme à qui s'adresse le CRS n'est pas un manifestant mais un photographe indépendant, Flavien Moras. Ce dernier "réclame son casque de vélo, confisqué à la fouille. Aux CRS, il explique qu'il en a besoin pour se protéger et aussi pour être identifié grâce à des autocollants", explique Raymond Macherel.

"Sans raison, le CRS explose, poursuit-il, 'C'est pas possible ça ! Trois semaines que vous nous cassez les couilles maintenant !'" L'"Acte 4" marque en effet la quatrième mobilisation des Gilets jaunes en trois semaines. "Le photographe répond plutôt timidement : 'Je suis le gardien de ma vie...' Le même CRS revient à la charge et rétorque  : 'Si vous voulez rester en vie, vous rentrez chez vous ! Vous n'avez rien à branler ici !'" Alors qu'un manifestant s'étonne - "Pourquoi ? On n'a pas le droit de revendiquer en France ?" -, le photographe rétorque, très calmement : "C'est des menaces, c'est quoi ça monsieur ? Si vous voulez rester en vie, vous restez chez vous, ça ressemble à quoi ça. Vous trouvez ça normal ? Vous faites partie des forces de l'ordre..."

Flavien Moras a par la suite consacré deux sublimes séries photographiques au mouvement des Gilets jaunes. Dans la série "Plus que des Gilets jaunes", entièrement en noir et blanc, figure une photographie prise "exactement à l'endroit où une unité de la police a pris mon casque de vélo quelques heures avant, explique le jeune photographe et plasticien en légende, à cause d'un arrêté préfectoral interdisant les protections pour les civils".

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