VIOLENCES - Constatant une corrélation entre la consommation d'alcool et les violences conjugales et contre les enfants, le préfet a décidé d'interdire la vente d'alcools forts à partir du vendredi 17 avril. La bière et le vin ne sont pas concernés.
Face à la recrudescence des violences intrafamiliales et à leur caractère d'autant plus grave en temps de confinement, le gouvernement avait déjà multiplié les moyens d'alerte. Points d'écoute en pharmacie, stands dans les centres commerciaux, mis en place d'un numéro d'urgence à contacter par SMS... Le préfet du Morbihan, constatant une hausse de ces violences, à destination, le plus souvent, des femmes et des enfants, de "30% en quelques jours", a décidé d'impliquer un peu plus son département dans la lutte.
Alcool et confinement "font mauvais ménage"
Constatant que "les très nombreuses interventions des forces de l'ordre se font quasi systématiquement sur fond d'alcool", Patrice Faure a donc pris la décision, vendredi 17 avril, d'interdire la vente d'alcool à emporter "autre que le vin et la bière" dans ce département du sud de la Bretagne. "Force est de constater que le duo alcool-confinement font mauvais ménage", a-t-il remarqué dans une communication diffusée sur YouTube.
[ #Coronavirus #Covid19 ] 🔴 Point dans le #Morbihan au 17 avril 0'25 - Le confinement 2'33 - Remerciements 4'53 - Infos concernant le 11 mai 6'35 - Infos concernant l'alcool et les violences intrafamiliales 7'30 - Conclusions #TousMobilisés #FranceUnie https://t.co/poIuTCDqOk pic.twitter.com/OU6nLcf8iY — Préfet du Morbihan (@Prefet56) April 17, 2020
"Ce n'est évidemment pas supportable, d'abord pour les victimes mais aussi pour la société", a-t-il indiqué au sujet de ces violences qu'il relie donc en partie à l'alcoolémie des agresseurs. "Il en va de l'intérêt des individus et des familles", a-t-il assuré. Plusieurs spécialistes ont en effet estimé que l'alcoolisation pouvait accentuer ou précipiter les violences, bien que le sujet n'avait pas été traité au moment du Grenelle de lutte contre les violences faites aux femmes, à l'automne 2019.
La préfecture de l'Aisne a aussi interdit... avant de revenir sur sa décision
Une mesure préfectorale identique n'avait pas duré : le 24 mars, la préfecture de l'Aisne avait elle aussi annoncé l'interdiction de la vente d'alcool avant de faire marche arrière dans la soirée. Pour expliquer ce revirement soudain, la préfecture avait invoqué "des échanges avec des addictologues sur certaines conséquences négatives possibles d’une mesure généralisée, même très temporaire". Symbole de ce dilemme, la Fédération française d'addictologie faisait valoir auprès de Destination Santé que, "si les actes violents sont souvent associées à la consommation d’alcool, le fait d’empêcher l’accès à une substance addictive expose aussi le risque de violences".