Consultation psy #17 - Quand le confinement réactive notre part "mesquine"

Hélène Romano, psychothérapeute
Publié le 9 avril 2020 à 8h00

Source : Sujet TF1 Info

TOUS DÉLATEURS ? - Le confinement est une période stressante où l'anxiété n'est pas anormale. Ces sentiments font ressortir en chacun de nous des émotions plurielles : solidarité, passivité ou envie, jalousie. Avec parfois des tentations de délation ou d'agressivité. L'éclairage de Hélène Romano, psychothérapeute.

Notre histoire, en particulier au cours de la Terreur (1794) et de l’occupation allemande lors du second conflit mondial a montré que face à l’adversité il y avait la majorité des personnes subissant sans réelles réactions et aux deux extrémités les rares résistants et de l’autre les délateurs ou collaborateurs. Nous pouvons aussi citer l’expérience de Stanley Milgram en 1963 sur la soumission à l’autorité qui permet de constater que la majorité des personnes ne disent pas non et ont une attitude naturelle de soumission à l’autorité.

Comment l’expliquer ? Nous avons tous en nous une part d’ombre qui concentre les aspects de notre personnalité les moins positifs qui se trouvent exacerbés en contexte de stress et de survie. Mais selon notre histoire personnelle, notre éducation, nos croyances, nos référentiels, notre culture, nous parvenons plus ou moins à ne pas en être submergés et à nous contrôler.

Valoriser le positif

Ce qui permet de constater chez certains des initiatives remarquables, mais également l’émergence de comportements très archaïques comme les vandalisations de véhicules de soignants pour voler du matériel, les délations de voisins parce qu'ils font du bruit ou sortent "trop", les menaces sur des soignants pour qu’ils quittent leur logement, et autre dénonciation pseudo-citoyenne dignes de la période vichyste. 

Si l’on comprend le processus psychique à l’œuvre dans la délation, il n’est pas surprenant dans cette période de crise et d’anxiété sociale, que la part sombre de certains resurgissent. C’est d’une certaine façon inévitable. Un moyen de lutter contre celle-ci et contre la sycophantie - accusation publique volontaire- est de valoriser tout ce qui s’y oppose : comme les actions de solidarité et de soutien, la valorisation du sens civique et l’attention aux autres, la notion de respect et d’équité. C’est tout l’enjeu de cette fameuse "résilience collective" qui devrait conduire à renforcer les liens entre individus tout en se sentant libre de tout attachement. Autrement dire être présent pour soi et pour l’autre sans être emprisonné dans des liens enfermant qui ne feront que renforcer l’agressivité. 


Hélène Romano, psychothérapeute

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