Dépression, bipolarité, baby-blues... De Mariah Carey à Jennifer Lopez, les troubles des stars auscultés par un psy

Publié le 15 octobre 2019 à 16h38

Source : Sujet JT LCI

SOUFFRANCE AVEC LES STARS - Depuis des années, les stars de pop culture n’ont plus peur de confier leurs maladies ou d’afficher leur fragilité psychologique au grand jour. Avec, pour effet immédiat, de renvoyer tous les anonymes qui les suivent sur les réseaux sociaux à leurs gouffres et aux troubles qui les affectent en secret. Décryptage du phénomène avec un psychiatre.

Et si la pop star était finalement un être humain comme les autres ? On se souvient tous de l'image mémorable de Britney Spears se rasant elle-même le crâne dans un salon de coiffure en 2007, le regard hagard, devant une horde de paparazzis... Un exemple probant de "craquage" en public, ayant sensibilisé une génération entière à la fragilité des stars de papier glacé et aux réalités de la santé mentale. 

Un éclat, zébrant tel un éclair le ciel du du politiquement correct, amenant à se demander si la pop culture 2.0 peut avoir des vertus thérapeutiques pour nous autres, pauvres mortels. C’est la question que pose le psychiatre Jean-Victor Blanc dans son livre Pop et Psy, disponible chez Plon : "Depuis quelques années, on assiste à un véritable raz-de-marée de prises de parole de célébrités sur les troubles psychiques et ces prises de parole sont, je trouve, courageuses mais aussi beaucoup plus nuancées et correspondant à une réalité médicale" assure-t-il, interviewé par LCI. 

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"L’exemple le plus frappant reste celui de Mariah Carey, quand elle parle de son trouble bipolaire et qu’elle explique de manière quasiment médicale le fait qu’il a fallu un certain temps pour faire le diagnostic : c'est vrai chez les patients, pour qui l’on sait qu’il faut en général une dizaine d’années pour y arriver - ce qui est trop long". Même chose, poursuit-il, "quand elle explique le rejet initial du diagnostic de sa part, parce qu’elle était dans le déni, mais aussi parce qu’elle ne voulait pas être associée à quelque chose qu’elle considérait à l’époque comme extrêmement compliqué, stigmatisant. Et puis enfin quand elle parle de son rétablissement, quand elle dit que pour elle, le trouble bipolaire est géré, qu’elle prend des médicaments, qu’elle a une aide professionnelle adaptée, qu’elle n’en a pas honte et que c’est pour cela qu’elle en parle. Je trouve que c’est une prise de parole puissante, courageuse, qui peut être porteuse d’espoir pour les patients."

Vers une parole de plus en plus décomplexée

Les stars peuvent-elles ainsi faire évoluer les consciences sur les troubles les moins avouables ? "Voir des personnages considérés comme puissants, glamour, enviés dans notre société, s’exprimer sur des troubles psychiques, ça permet de décomplexer", répond notre psychiatre. "C’est la première vertu. Quand Jennifer Lopez, qui est une sorte d’incarnation de ce qu’est la pop-culture, s’exprime sur la tristesse et le baby-blues qu’elle a eus au moment de la naissance de ses jumeaux, avouant 'je ne sais pas qu’en faire', 'j’avais l’impression qu’ils ne m’aimaient pas"... tout cela peut résonner chez une femme qui se sent isolée face à ses sentiments compliqués de baby-blues." 

Une parole décomplexée dont s’est notamment emparée la chanteuse Selena Gomez : "Dans la génération Millennials, sa prise de parole a été extrêmement porteuse", poursuit Jean-Victor Blanc. "Elle était la célébrité la plus suivie sur Instagram, ancienne idole Disney qui a parlé de dépression et dit à un moment de sa carrière 'je n’en peux plus, j’ai besoin de m’arrêter, j’ai besoin de temps pour moi parce que je souffre de dépression.' Ce type de choses, on ne les retrouve pas ne serait-ce qu’une génération de pop-stars précédente". Ce qui est encore plus important dans le cas de Selena Gomez, enchaîne-t-il, "c’est qu’elle parle de manière aussi libre que décomplexée de ses troubles psychiques comme la dépression,  et d’autres maladies dont elle est atteinte comme le lupus. Elle met tout ça sur le même pied d’égalité et c’est vraiment une telle démarche que l'on espère de la part des patients". Le psychiatre note en outre que la jeune artiste "a intégré ces choses-là aussi dans son travail puisqu’elle est productrice de la série 13 Reasons Why, le show Netflix qui a eu un immense succès et dans lequel la santé mentale des ados est au premier plan". Et il conclut : "Je pense que cet engagement témoigne vraiment de quelque chose d’authentique, qui peut faire avancer la cause des troubles psychiques."


Romain LE VERN

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