Clichés régionaux : les Auvergnats sont-ils vraiment pingres ?

V. F
Publié le 23 juin 2021 à 16h25

Source : JT 13h Semaine

FACT CHECK - Rapiats, pingres, avares, grippe-sous, au mieux économes… Les préjugés ne manquent pas pour qualifier les Auvergnats. Mais qu'en est-il vraiment ? Les Vérificateurs de TF1/LCI ont mené l'enquête.

En France, les clichés ont la dent dure. Que vous soyez du nord, du sud, habitant d’une grande ville ou d’un milieu rural, vous avez forcément en tête des préjugés – plus ou moins amicaux – concernant vos compatriotes issus d’autres régions. Ainsi, une légende tenace affirme que les Auvergnats auraient des oursins dans les poches. 

"C'est un racisme parisien à mon avis au départ", lance une passante dans la vidéo en tête de cet article. Bien vu, car ce sont effectivement les Parisiens qui ont brossé ce portrait pas très flatteur des Auvergnats. Il faut dire qu'au XIXe siècle, ces derniers étaient venus sans fortune tenter leur chance dans la capitale, jusqu'à se compter au nombre de 500.000 dans les années 1960. C'est dans le 11ᵉ arrondissement qu'ils ont surtout élu domicile, tenant l'immense majorité des bistrots, restaurants et hôtels du côté des gares d'Austerlitz et de Lyon. Beaucoup y ont ainsi fait fortune.

Économes... mais généreux !

Les premiers Auvergnats étaient charbonniers. Ils livraient les combustibles dans les appartements bourgeois après les avoir acheminés par voie fluviale depuis l'Auvergne. "Les pauvres sont souvent courageux et les Auvergnats ont fait preuve de beaucoup de détermination et de courage pour s'installer à Paris", explique Anne Simonet, la présidente de l'association "Les amis du vieux Clermont". Selon elle, on dit qu'ils étaient radins, car on confond le respect de l'argent et l'avarice. "Les anciens pauvres ont la valeur de l'argent dans la tête parce qu'il est tellement difficile à gagner. Ils ne le vénèrent pas, mais ils le respectent et ils n'en font pas n'importe quoi", poursuit-elle. 

Ce préjugé a donc une histoire, héritée d'un passé révolu. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? "Je les trouve très accueillants et pas du tout radins", assure une Auvergnate d'adoption. "Mes amis m'offrent des coups sans rechigner. À Paris, c'est chacun pour soi, chacun paye sa tournée, alors qu'ici, c'est convivial", renchérit un jeune homme. Une générosité que certains observateurs avisés avaient déjà remarquée depuis longtemps, comme Georges Brassens avec sa célèbre "Chanson pour l’Auvergnat" ("Elle est à toi cette chanson, toi, l’Auvergnat qui, sans façon, m’as donné quatre bouts de bois quand dans ma vie, il faisait froid"). L'histoire d'un couple d'Auvergnats qui l'avait accueilli pendant ses années de misère. 

Générosité et courage aussi sous le maillot de rugby. Ce n'est peut-être pas un hasard d'ailleurs si les Auvergnats ont fait de l'ovalie leur terrain de jeu. Pour Patrick Boucheix, le président du Rugby Club Domes Sioule à Ceyssat, dans le Puy-de-Dôme, cela ne fait aucun doute. "En dix ans, il a fallu énormément de générosité pour monter ce club. Je ne dis pas que les gens ont mis la main au porte-monnaie, mais ils se sont engagés et ont donné énormément de temps, même plus que ça. Donc l'Auvergnat n'est pas radin, ce n'est pas vrai", affirme-t-il.

Pour résumer, les Auvergnats connaissent la valeur du travail et du salaire qu'ils méritent. Ils sont certes économes, mais pas radins, nuance.


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