COLÈRE - Pour sécuriser les alentours d'une usine de dépôt de gaz, des habitants de Bourogne (Territoire de Belfort) ont dû quitter leurs maisons. Leurs habitations ont ainsi été détruites alors que l'entreprise s'apprête finalement à fermer ses portes.
L'usine Antargaz de Bourogne vit ses derniers mois. Un dénouement auquel les habitants - qui ont dû quitter leur logement pour que l'usine se maintienne sans danger - ne s'attendaient pas. "On était bien là-bas, on avait nos habitudes", lance Mouloud Koudria, exproprié, devant les caméras de TF1. "Ça faisait longtemps qu'on était là-bas. Puis du jour au lendemain, on nous a dit de partir". Et aujourd'hui le site ferme : "C'est pire que du gâchis", peste-t-il. "Tout ça pour ça... ça rime à rien."
Mais comment expliquer cette situation saugrenue ? Pour comprendre, il s'agit de revenir 20 ans plus tôt. Après l'explosion de l'usine AZF à Toulouse en 2001, de nombreux sites industriels - dont celui de Bourogne - ont été classés "Seveso seuil haut" afin de limiter les risques d'accidents majeurs. Cette mesure de prévention implique de détruire les maisons environnantes.
Ainsi, l'association Écovigie s'est battue pendant 13 ans, refusant de voir des riverains chassés de leur domicile. Pour les militants, ce plan de prévention des risques était surdimensionné au vu de l'activité réduite de l'usine. "À l'époque on avait déjà signalé une baisse d'activité que même Antargaz avait reconnu", explique Bernard Gobetti, ex-président de l'association.
Une opération ratée à 4 millions d'euros
Mais en dépit de ce long combat, des dizaines de propriétaires ont dû plier bagage au fil des années. Les dernières maisons ayant été détruites début 2021, peu de temps avant l'annonce de la fermeture de l'usine de gaz. Outre le fait de les déloger, cette opération ratée a coûté 4 millions d'euros d'argent public. L'addition passe mal auprès des habitants de la commune. "C'est de l'argent foutu en l'air", rage l'un d'eux. Sans compter, qu'"on a délogé des gens et détruit leur maison pour rien." "On aurait pu faire autre chose avec cet argent", poursuit un homme en colère.
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Impossible de faire marche arrière pour les expropriés. Mais, ironie du sort : lorsque l'usine cessera d'exister, la ville de Bourogne aura la possibilité de se réapproprier le terrain dans le but d'y reconstruire... des maisons.