Jonny Wilkinson : "Gagner la coupe du monde m'a mis en danger"

Publié le 17 septembre 2015 à 12h37
Jonny Wilkinson : "Gagner la coupe du monde m'a mis en danger"

MÉMOIRE - L'ouvreur mythique du XV d'Angleterre, champion du monde en 2003, est revenu pour The Telegraph sur son drop victorieux inscrit en finale face à l'Australie. Morceaux choisis.

Dans les derniers instants de la finale de la Coupe du monde 2003, où moment précis où Jonny Wilkinson tapait un drop mortel pour les espoirs australiens, la mère du buteur anglais, Philippa, faisait ses courses dans un centre commercial du Northumberland. Trop inquiète pour regarder son fils de 24 ans changer le cours de l'histoire du rugby anglais.

"Il y a eu un moment où je n'étais plus là"

À 26 secondes de la fin du match, l'homme aux 1179 points donnait la victoire au sien grâce à un pied droit presque aussi bon que le gauche. Et un employé du centre commercial se précipitait vers sa mère : "Votre fils l'a fait ! Il a gagné la coupe du monde !" Philippa s'est mise à pleurer.

Mais pour Jonny, pourtant un peu plus impliqué que sa mère ce jour là, tout s'est déroulé sans lui, automatiquement, comme il le relate sur le site de The Telegraph  : "Le ballon est arrivé, [...] je l'ai laissé tomber et j'ai vu que ça partait bien. À partir de ce moment, le souvenir de tout ce que j'avais fait, du demi million de drops que j'ai tenté dans ma carrière, à l'entraînement ou en match, a pris le dessus et j'ai regardé tout ça de l'extérieur, connaissant parfaitement l'issue. Quand c'est passé entre les perches, j'ai retrouvé mes esprits. Il y a eu un moment où je n'étais plus là, c'est la seule fois de ma vie où ça m'est arrivé".

La construction de cette victoire est relatée dans le documentaire Building Jerusalem , sorti le 11 septembre. Plongée fascinante dans la naissance d'un succès, et rappel s'il en était besoin des immenses qualités dont faisait preuve le n°10 : défense, passe, but, drop, "Wilko" avait tout. L'obstiné de l'entraînement qu'était (et qu'est toujours) Jonny Wilkinson, premier arrivé dernier parti, pouvait botter pendant cinq heures sans regarder sa montre. "Je voulais que les autres pensent : pourquoi travaille-t-il autant ? Comment travaille-t-il autant ?"

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Cette victoire lui a apporté, dès l'âge de 24 ans, reconnaissance, joie, et prospérité. Mais l'a plongé dans les méandres du doute : "Je peux me remémorer ce jour en me disant 'c'était moi'. L'exemple d'une histoire qui se termine très bien. Mais quand un film se termine bien, on ne se demande jamais ce que font les héros le lendemain matin. Gagner la coupe du monde pouvait me mettre en danger, ce fût effectivement le cas".

La pression insupportable d'être le meilleur joueur de la planète a fini par détruire son corps. Deux semaines après la finale de 2003, Sir Wilkinson entamait une période de quatre années marquée par quatorze blessures consécutives. Avant de se reconstruire, en partie grâce au bouddhisme, et de venir finir sa carrière en France, au RC Toulon, avec un Brennus et deux coupes d'Europe en souvenir.
 


La rédaction de TF1info

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