VIDÉOS – Qu'est-ce qui fait pleurer les joueurs de rugby pendant les hymnes ?

Publié le 17 octobre 2015 à 20h15
VIDÉOS – Qu'est-ce qui fait pleurer les joueurs de rugby pendant les hymnes ?

ÉMOTIONS – Dans le rugby sans doute plus qu'ailleurs, il est fréquent de voir les joueurs verser de grosses et chaudes larmes pendant que retentissent les hymnes nationaux. Les Français n'échappent évidemment pas à la règle et on a essayé de comprendre ce qui pouvait bien les mettre dans cet état.

Quand l'armure se fend. Jeudi 1er octobre, 20 h 55, Stadium de Milton Keynes, à quelques minutes du coup d'envoi de la rencontre entre le XV de France et le Canada. Un match important pour la suite de la Coupe du monde des Bleus mais vraiment pas celui du siècle. Pourtant, dès les premières notes de La Marseillaise, un homme pleure : Pascal Papé.

Sur les raisons de son émotion, le joueur aux 63 sélections ne s'est pas épanché après la victoire tricolore (41-18). Pas besoin, car voir un rugbyman pleurer à ce moment-là n'est pas un événement. C'est même presque une spécificité de ce sport. 


Fréquentes après un succès où une défaite dans les autres disciplines, les larmes se font en effet beaucoup plus rares lors des hymnes. "La Marseillaise, c'est vraiment quelque chose qui prend aux tripes, nous confie Marc Lièvremont, qui affirme n'avoir jamais pleuré sur les accords composés par Rouget de Lisle en 1792. Même encore aujourd'hui (l'ancien sélectionneur du XV de France est désormais consultant sur Canal+, ndlr), ça me fait quelque chose. C'est un moment où on pense à ses proches, à la fierté qu'ils doivent ressentir de nous voir là... Pleins de trucs remontent".

"L'hymne, c'est le dernier moment avant le combat"

Du genre, donc, à attendrir un grand gaillard comme Papé (1,96 m pour 115 kg), qui avait pourtant prévenu Rémy Grosso, l'ailier sélectionné pour la première fois face aux Canucks, de "ne pas se laisser submerger par l'émotion". Résultat, le jeune Castrais n'a pas craqué, il avait "anticipé le moment", nous a-t-il confié, mais l'expérimenté deuxième ligne du Stade Français oui. Il n'y a d'ailleurs pas d'âge pour pleurer, comment peut en témoigner Yannick Nyanga, dont les énormes larmes lors d'un France – Australie en décembre 2012 avaient émues tout le monde.

Il faut dire que l'intéressé, qui aurait "aimé les contenir", n'avait plus été sélectionné depuis 2007... D'où l'émoi. "Le rugby entretient des rites et des traditions, comme la remise des maillots qui est presque sacralisée, et tout ça créé un sentiment d'appartenance à l'équipe, note encore Lièvremont. L'hymne, c'est le dernier moment avant le combat. On est avec ses coéquipiers, on se serre, avec cette promesse silencieuse de se sacrifier pour les autres. C'est fort". 

"Tout ça est lié au sentiment d'identité sociale et collective "

Tellement que c'est scientifiquement observable. "Des études montrent que certaines musiques activent des zones du cerveau qui peuvent nous mettre dans l'affect, explique à metronews Mickaël Campo, maître de conférences en psychologie du sport à l'université de Bourgogne. Mais je ne crois pas que la sonorité de notre hymne est à l'origine de l'émotion des joueurs... Je pense que c'est plutôt la représentation de cet instant solennel qui explique le phénomène".

Public, pression sportive et médiatique, La Marseillaise serait donc le moment idoine pendant lequel les internationaux prennent la symbolique de l'instant en pleine figure. "Tout ça est lié au sentiment d'identité sociale et collective : l'appartenance à l'équipe, au maillot, le fait de défendre les couleurs de la nation. On sait que ce processus d'identification joue sur les émotions, analyse encore Mickaël Campo. C'est d'ailleurs assez latin comme comportement. Les Anglo-saxons sont plus dans le contrôle émotionnel que nous. On voit moins souvent des Anglais ou des Australiens pleurer pendant leur hymne". Ce qui leur enlève un brin d'humanité.

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La rédaction de TF1info

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