Près d’un quart de la population française consomme trop d’alcool, selon Santé publique France

par Maëlane LOAËC
Publié le 9 novembre 2021 à 19h38

Source : JT 20h Semaine

AU RAPPORT - Selon la dernière étude de l’Agence nationale de santé publique, près d’un Français sur quatre dépasse les repères fixés en matière de consommation d’alcool. Et une part non négligeable d’entre eux semble minimiser les risques liés à ce comportement.

Si la proportion de Français qui boivent trop n’a pas augmenté depuis 2017, elle plafonne encore à un haut niveau. Selon le dernier baromètre de Santé publique France, publié ce mardi 9 novembre, 23,7% des 18-75 ans déclarent avoir dépassé les repères de consommation délimités par l’institution en 2017, avec l’aide de l’Institut national du cancer. À savoir : pas plus de 10 verres standard par semaine et pas plus de deux par jour, en se réservant donc des jours sans une goutte d’alcool dans la semaine. Ce serait donc près d’un adulte français sur quatre qui aurait une consommation excessive d’alcool.

Cette proportion n’a pas beaucoup augmenté par rapport à celle de 2017, lorsque le niveau montait à 23,6%. À noter également, cette étude a été interrompue lors du premier confinement de mars, "modifiant ainsi la période usuelle de recueil des données" : aucune interview n’a été réalisée entre mi-mars et juin 2020, mais il y a eu davantage d’entretiens pendant l’été, période davantage propice à la consommation. Conséquences :  ces données pourraient être "surestimées" par rapport à 2017.

Un risque pour la santé parfois sous-estimé

Santé Publique France rappelle dans cette étude que la consommation excessive d’alcool cause plus de 40.000 décès par an, et coûterait 118 milliards d’euros par an. Des risques dont de nombreux Français ne semblent pas conscients. Parmi les sondés, 17% des personnes affirmant dépasser les repères de consommation estiment que boire quotidiennement ne représente pas de danger pour la santé. Un avis partagé par 8% de ceux qui ne consomment pas au-delà des recommandations. 

Si 84% de ceux ayant une consommation excessive de l’alcool reconnaissent en revanche que cette consommation peut aggraver le risque de cancer, ils sont 23% seulement à se dire prêts à boire moins, la faute à "des comportements très ancrés" déplore Santé Publique France.  

Les hommes et les actifs davantage concernés par une consommation excessive

L’étude révèle aussi que les hommes sont les plus susceptibles de multiplier les verres : 33,2% boivent trop, contre 14,7% pour les femmes. Un ratio inchangé par rapport à 2017. Parmi les adultes qui déclarent trop consommer, 68,1% sont des hommes, alors que parmi ceux qui affirment ne pas dépasser les repères, ils ne sont que 42,5%.  

Santé Publique France note également que si cette consommation "n’est pas très marquée socio-démographiquement",  "le niveau de diplôme et le niveau de revenu" a tout de même une influence. Les personnes qui gagnent les plus hauts revenus dépassent souvent les repères de consommation, ainsi que plus largement les personnes actives : 57,6% des hommes et 59,2% des femmes qui ont un emploi déclarent trop boire, contre 9,4% et 7,2% pour les personnes au chômage. 

L’étude révèle aussi que les femmes qui ont un diplôme élevé sont plus représentées parmi les buveuses excessives que les femmes qui n’ont aucun diplôme ou un diplôme inférieur au baccalauréat. Quant aux plus jeunes consomment moins fréquemment, mais en plus grande quantité. 

Ce bilan devrait pouvoir permettre d’"améliorer  le ciblage des actions de prévention, tout en portant une attention particulière aux inégalités sociales de santé", appellent les auteurs de l’étude. Ils encouragent aussi les pouvoirs publics à poursuivre un "travail de débanalisation de la consommation d’alcool", délicat à mener face à "la puissance du marketing déployé par les industriels de l’alcool en France"


Maëlane LOAËC

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