Alcool pendant la grossesse : en France, un nouveau-né par jour présente des séquelles

Publié le 4 septembre 2018 à 10h38
Alcool pendant la grossesse : en France, un nouveau-né par jour présente des séquelles

ALCOOL - Dans un nouveau rapport publié ce mardi à l’occasion de la journée mondiale du syndrome d’alcoolisation fœtale, l’Agence nationale de santé publique alerte sur la consommation d’alcool lors de la grossesse et sur les répercussions sur l’enfant. Car selon une étude inédite, en France, un nouveau-né par jour présente au moins un troublé lié à cette boisson toxique.

Alcool et grossesse ne font pas bon ménage. C’est bien connu. Mais pour la première fois, ce mardi 4 septembre, une étude de l’Agence nationale de santé publique a pu identifier le nombre de naissances en France diagnostiquées avec des complications liées à la consommation d’alcool. Le résultat est préoccupant : entre 2006 et 2013, 3207 nouveau-nés ont présenté au moins un symptôme lié à cette boisson. C’est donc un peu plus d’un enfant par jour qui est concerné. L’occasion pour l’Agence de sensibiliser la population et de lancer une campagne d’information nationale.

Des séquelles irréversibles

Boire de l’alcool pendant la grossesse présente évidemment des conséquences, qui peuvent aller jusqu'à mettre en danger la vie du foetus. Selon un rapport de l’INPES en 2007, la toxicité du produit se manifeste tout particulièrement au niveau du système nerveux central. Ainsi, les séquelles sont irréversibles et les risques augmentent en fonction de la consommation. Dans les cas les moins graves, l’enfant peut présenter plusieurs complications : faible poids de naissance, naissance prématurée ou retard de croissance intra-utérine.

Dans les cas les plus sérieux, la consommation d'alcool peut entraîner chez le nouveau-né tout un ensemble de troubles regroupés sous l’appellation Syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF). Les enfants touchés présentent alors des anomalies physiques comme une dysmorphie craniofaciale ou des malformations. Mais aussi des troubles cognitifs tels qu'un retard mental, un déficit de l’attention ou des problèmes de mémoire. Des difficultés qui relèvent alors du handicap. C’est pourquoi l’alcoolisation fœtale est la première cause de handicap mental non génétique et d’inadaptation sociale de l’enfant. Des complications entièrement évitables.

Dans le cadre de l’étude, l’Agence de santé a ainsi montré qu’entre  2006 et 2013, 452 nouveau-nés présentaient un SAF. Ce qui équivaut à un enfant par semaine. Des chiffres présentés comme des "estimations", car ils sont sous-évalués. En effet, ils ne prennent pas en compte les données au-delà de la période néonatale. C’est pourtant après coup que ces troubles sont le plus fréquemment diagnostiqués. Par ailleurs, les études internationales montrent que les formes mineures seraient dix fois plus fréquentes que le SAF. 

Sensibiliser les futures mamans

Les résultats de cette étude inquiètent l’Agence nationale de santé publique, qui y voit tout d’abord un manque d’information de la population. Ainsi, en 2017, une enquête montrait que 21 % des Français pensaient qu’il était conseillé de boire un petit verre de vin de temps en temps pendant la grossesse. Et les futures mamans elles-mêmes ne sont pas mieux informées. Ainsi, moins de 4 femmes sur 10 estiment que le danger n’est réel que lorsque la consommation est quotidienne. Le discours médical serait notamment en cause : 4 femmes enceintes ou mères d’un enfant de moins de 5 ans sur 10 déclarent ne pas avoir été informées de ces risques par leur médecin ou sage-femme. 

Cette problématique a incité l’Agence de santé publique à mettre en place une campagne d’information à visée nationale. Elle débute ce mardi, à l’occasion de la journée mondiale du syndrome d’alcoolisation fœtale, et prendra fin d’ici un mois. Le message est clair : boire de l'alcool pendant la grossesse est susceptible de présenter un risque pour l’enfant. Car l’état actuel des connaissances ne permet pas de définir un seuil limite en dessous duquel il n’y aurait aucun risque pour le bébé. Les autorités sanitaires recommandent donc un principe de précaution consistant à s’abstenir de toute boisson alcoolisée pendant la grossesse. 


Felicia SIDERIS

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