Auditionné par les députés, le professeur Raoult fustige l'organisation "archaïque" des tests et l'interdiction de l'hydroxychloroquine

Publié le 24 juin 2020 à 20h10, mis à jour le 24 juin 2020 à 20h33

Source : TF1 Info

PARLEMENT - Le clivant professeur de l'IHU de Marseille était entendu ce mercredi par les parlementaires. Cette audition s'inscrit dans le cadre de l'enquête destinée à faire la lumière sur la gestion étatique de la crise du coronavirus.

Didier Raoult a critiqué mercredi devant l'Assemblée nationale l'organisation "totalement archaïque" des tests de dépistage du Covid-19 en France, qui a empêché selon lui de les utiliser de façon plus large. "La manière dont ça s'est organisé est totalement archaïque", a-t-il estimé devant la commission d'enquête sur la gestion de la crise du coronavirus, faisant référence au système des centres nationaux de référence.

Le test de diagnostic moléculaire du Covid-19 a été mis en place dès le 17 janvier par l'Institut Pasteur, centre national de référence (CNR) pour les virus respiratoires avec les Hospices Civils de Lyon, mais il a ensuite tardé à être déployé sur le territoire, ont estimé à plusieurs reprises les députés membres de la commission.

L'idée qu'on ne pouvait pas faire les tests n'était pas vraie
Didier Raoult face aux députés

"L'idée qu'on ne pouvait pas faire les tests n'était pas vraie", a jugé Didier Raoult, qui dirige l'IHU Méditerranée Infection, à Marseille, pour qui la centralisation au niveau du CNR a fait perdre beaucoup de temps et n'était pas nécessaire.

Ce système de "petits CNR" conduit leurs responsables à "considérer que la maladie est leur territoire", comme des "blaireaux dans leur terrier qui mordent si on s'en approche", a-t-il fustigé.

"Je ne suis pas d'accord avec la décision qui a été prise de ne pas généraliser les tests", a-t-il également déclaré, estimant qu'"on ne peut pas étudier" une maladie nouvelle "si on ne teste pas". "Ce qu'on a déduit sur la maladie, on l'a déduit à partir de la grippe et ce n'était pas vrai", a-t-il ajouté.

Des détracteurs en conflit d'intérêt ?

Didier Raoult a par ailleurs renouvelé devant la commission d'enquête l'affirmation selon laquelle certains détracteurs de l'hydroxychloroquine seraient financièrement liés au laboratoire Gilead, fabricant du remdesivir, autre molécule dont l'efficacité est testée dans le traitement du Covid-19.

Face aux demandes de précision des députés, le microbiologiste les a notamment renvoyés à la consultation de la base de données Transparence Santé, qui recense les liens d'intérêt entre les entreprises et les acteurs du secteur de la santé.

Assurant avoir observé une "obsession de vouloir traiter les gens avec le remdesivir", il a dit y voir un résultat de la stratégie d'"influence" de ce laboratoire, au service d'un "pur jeu boursier".

Les décisions médicales préemptées par le politique

Le chercheur marseillais a par ailleurs regretté que dans cette crise sanitaire, des "décisions médicales" aient été "préemptées par le politique", référence à l'interdiction de prescription de l'hydroxychloroquine dans le traitement du Covid-19 pour les médecins de ville, interdiction ensuite étendue le 27 mai à l'hôpital, sauf dans le cadre des essais cliniques. 

"Que l'Etat se saisisse de tâches qui sont du soin usuel à la place des médecins et leur interdise des choses qui sont banales, je ne suis pas d'accord". "Les médecins doivent faire pour le mieux pour leurs malades en leur âme et conscience, en fonction de l'état des connaissances. Les priver de ça , j'ai des doutes sur le fait que ça soit constitutionnel", a estimé Didier Raoult.


La rédaction de TF1info

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