Cancer du col de l'utérus : le nouveau vaccin Gardasil promet de combattre 90% des papillomavirus

par Charlotte ANGLADE
Publié le 4 septembre 2018 à 18h23
Cancer du col de l'utérus : le nouveau vaccin Gardasil promet de combattre 90% des papillomavirus
Source : Thinkstock

AVANCÉE - Le laboratoire MSD Vaccins vient tout juste de lancer en France une nouvelle version du Gardasil, ce vaccin destiné à lutter contre les papillomavirus humains. Il pourrait notamment permettre d'éviter entre 400 à 570 cancers ano-génitaux chaque année.

Depuis trois ans et demi, il s’est écoulé à 42 millions d’exemplaires dans le monde, mais vient seulement d’arriver en France. Le Gardasil 9, nouvelle version du vaccin contre les papillomavirus humains (HPV), sexuellement transmissibles et responsables chaque année de 4.200 nouveaux cancers ano-génitaux (col de l'utérus, vagin, vulve, anus) et de 1.450 cancers ORL (gorge, bouche), est désormais disponible dans nos pharmacies. Plus complet que la formule précédente lancée en 2006, le Gardasil 9 vise à protéger les femmes de neuf souches de HPV, contre quatre auparavant. En seulement deux injections administrées aux jeunes filles, de préférence entre 11 et 14 ans, le vaccin permet ainsi de couvrir 90% des HPV, contre 70% avec l'ancienne version.

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L'infection aux papillomavirus humains se fait principalement par contact intime, lors de rapports sexuels ou de simples caresses par exemple. Elle est très contagieuse, si bien que 75% des femmes y sont confrontées au moins une fois dans leur vie, avec un pic d'infection entre 20 et 24 ans. Dans 90% des cas, le système immunitaire se charge de détruire ce virus en un à deux ans, sans forcément que l'infection soit détectée. Dans 10% des cas, celle-ci persiste et peut se transformer en lésion pré-cancéreuse, qui, si elles ne sont pas traitées, peuvent évoluer en cancers ano-génitaux ou ORL.

Malgré ces risques, seules 19% des adolescentes se sont aujourd’hui vu administrer les doses de Gardasil nécessaires à leur immunisation. D’autres pays, comme le Canada, l'Allemagne ou encore l’Australie, sont bien plus en avance dans la vaccination. Ce dernier pays est d’ailleurs en passe d’éradiquer le cancer du col de l’utérus après 10 ans de politique vaccinale dans les collèges.

Ce faible taux de vaccination des jeunes françaises est en partie dû à la mauvaise image du Gardasil, accusé d'être responsable du développement de certaines maladies comme la sclérose en plaques, le lupus ou encore les encéphalomyélites aigües disséminées (inflammations du système nerveux central). Fin 2013, le groupe franco-américain Sanofi Pasteur MSD, qui commercialise le vaccin, avait d'ailleurs été l'objet d'une première plainte au pénal avant que cinquante femmes ne se joignent à la procédure en dénonçant des pathologies du système nerveux.

Une enquête avait dans la foulée été ouverte par le parquet de Paris, avant d'être classée le 26 octobre 2015. "Aucune pathologie n'a été reconnue comme étant en lien de causalité directe avec ce vaccin", expliquait alors à l'AFP une source judiciaire. Un peu plus tôt, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM)avait assuré, après avoir mené une étude avec l'Assurance maladie sur plus de 2 millions d'adolescentes, que les vaccins contre les infections à papillomavirus (HPV), elles-mêmes principales causes des cancers, n'entraînaient "pas d’augmentation du risque global de survenue de maladies auto-immunes". En 2017, le Comité consultatif mondial de la sécurité vaccinale (GACVS) a d'autre part assuré que cette vaccination était "extrêmement sûre".

Aujourd'hui, les fabricants du vaccin Gardasil 9 assurent que celui-ci n'induit aucun effet secondaire supplémentaire notable par rapport à son prédécesseur. S'il parvient à se faire accepter par la population française, font-ils valoir, il pourrait permettre d'éviter chaque année 6.500 à 8.900 lésions précancéreuses ano-génitales supplémentaires et de 400 à 570 cancers ano-génitaux additionnels. Son administration pourrait également, d'ici quelques années, être étendue aux garçons afin de limiter encore davantage la propagation de ces papillomavirus.


Charlotte ANGLADE

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