PLAINTES –Tandis que le gouvernement a annoncé dimanche un retrait massif de laits infantiles du groupe Lactalis en raison d'un risque de contamination par des salmonelles, plusieurs parents, en colère, comptent bien faire porter le chapeau aux responsables de cette situation. Témoignages.
La colère, voilà le mot qui revient à la bouche de plusieurs parents. Et pour cause, l’affaire du lait a pris une toute autre ampleur depuis l’annonce du gouvernement, dimanche, de retirer plus de 600 lots, désormais interdits à la consommation et à l'exportation. Lactalis avait rappelé douze références de laits infantiles fabriqués dans son usine de Craon quelques jours plus tôt, visiblement pas suffisants aux yeux de l’État.
Ce grand nettoyage n’est pas du goût de Quentin Guillemain. Ce père de famille entend bien "à titre personnel" porter plainte – dans les heures ou les jours qui viennent – contre le producteur, Lactalis, et la pharmacie qui lui a vendu les produits pour "mise en danger d’autrui et non-assistance à personne en danger". Ce dernier s’estime "chanceux" puisque son enfant "se porte bien". Pourtant, ce lait, elle l’a consommé "depuis sa naissance".
"Il y a des personnes qui ont des responsabilités"
Son cas n’est pas isolé. C’est la raison pour laquelle il a décidé de monter un collectif (*). "Ce qu’on reproche, c’est d’avoir mis potentiellement la vie de mon enfant en danger (…) Comment peut-on imaginer mettre en circulation du lait potentiellement contaminé ? Du lait délivré en pharmacie, sur ordonnance. On considère qu’il y a des personnes qui ont des responsabilités". Ce collectif, "c’est une manière aussi de dire aux parents : ne laissez pas les choses s’étouffer. Votre enfant a été malade parce que vous lui avez donné un lait", insiste-t-il.
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En l'espace de 24h, la boite mail croule sous les témoignages. "Plusieurs centaines de parents nous écrivent, assure-t-il. Des parents qui veulent porter plainte. Des parents qui ont des enfants malades (...) Il faudrait qu’il y ait un numéro vert". L’idée, pour l'heure, est "de recenser le nombre de cas", lui qui juge une "légèreté" sur le nombre indiqué. "7.000 tonnes de lait et il y aurait 20 enfants contaminés ? (...) On aura d’autres parents qui vont se manifester", affirme-t-il.
"J'ai des craintes, je ne reconnais plus" mon enfant
L'un d'eux a accepté de nous faire partager sa situation. Sa fille de quatre mois a été hospitalisée pendant deux jours pour diarrhées, déshydratation, vomissements et crampes d’estomac. "Les médecins pensent que c’est le lait (...) Pour moi, c’est le lait", assure-t-elle. Force est de constater que "depuis l’âge d’un mois", le nourrisson consomme l'un de ces produits. La mère de famille "attend des résultats complémentaires pour porter plainte". "Personnellement, c’est de la très grosse colère. On ne peut plus donner ce qu’on veut pour ses enfants, nous explique-t-elle encore. Là, c'est comme si j’avais empoisonné mon enfant".
Désormais c'est l'inquiétude qui gagne la maman : "J’ai des craintes, je ne la reconnais plus. Elle était très speed. Depuis son hospitalisation, elle est molle, elle n’est plus aussi active. Les médecins pensent que ça va s’arranger. J’ai peur qu’elle ait des séquelles". Sans surprise, elle s'est jointe à l'action collective. Pour elle, "c’est inadmissible (...) ils étaient au courant et ils ont laissé traîner. Ils n’ont rien dit à personne, ils ont commercialisé le lait". À terme, elle espère "une très grosse sanction".
(*) Si vous vous trouvez dans le même cas et que vous souhaitez vous joindre au collectif, vous pouvez contacter la personne au mail suivant : victimeslactalis@gmail.com