17 mars-17 septembre : six mois après le choix du confinement, que sait-on du virus ?

Publié le 17 septembre 2020 à 11h00, mis à jour le 17 septembre 2020 à 12h35
Depuis le mois d'août, la capacité française de dépistage du Covid-19 dépasse le million de tests par semaine.
Depuis le mois d'août, la capacité française de dépistage du Covid-19 dépasse le million de tests par semaine. - Source : JEFF PACHOUD / AFP

POINT D'ÉTAPE - La moitié d'une année s'est déjà écoulée depuis que le confinement décidé en France. Une première historique qui visait à freiner la propagation du coronavirus, dont on savait alors si peu. Qu'en est-il aujourd'hui, alors que le Covid-19 regagne du terrain ? Éléments de réponse.

C'était il y a six mois. Déjà. Le 17 mars, à 12 heures, pour la première fois de son histoire, la France toute entière entrait en confinement "pour au moins quinze jours", afin de freiner l'expansion de la pandémie de Covid-19, un virus totalement inconnu du grand public cinq mois plus tôt. À cette date, l'Asie était encore l'épicentre de la pandémie à venir et le nouveau coronavirus, nommé Sars-Cov-2, avait alors fait moins de 5000 victimes dans le monde. La moitié d'une année plus tard, presque aucun continent ni pays n'a été épargné, 28 millions de personnes ont été contaminées, et plus de 900.000 personnes sont décédées.

Une période de cohabitation qui a permis, à travers la planète, d'en apprendre beaucoup sur le virus, de ses modes de transmission à la durée de contagiosité en passant par le rôle des asymptomatiques. De nombreux secrets restent néanmoins toujours à percer. Dont un majeur : à quoi doit-on s'attendre ces prochains mois ?

Ce que l'on aimerait savoir

Une seconde vague à l'automne ou cet hiver  ? Il semble acquis qu'il faille continuer de vivre avec le Covid-19 encore plusieurs mois. Voire plusieurs années. Mais dans quelles proportions ? Alors que le nombre de contaminations repart à la hausse, cela va entraîner "mécaniquement" une hausse des cas graves, avec quelques semaines de décalage, a prévenu Olivier Véran sur France Inter ce mardi. Si actuellement, le virus circule surtout parmi les jeunes, population peu à risque, les plus âgés et les plus fragiles seront inexorablement touchés, préviennent certains médecins échaudés par la première vague. D'aucuns misent sur l’existence d’une immunité acquise lors de la première vague pour éviter la seconde et notamment une nouvelle saturation des hôpitaux et des services de réanimation. 

Immunisé après une première infection  ? Le premier cas de deuxième contamination recensé il y a peu par l’université de Hong Kong laisse à penser que cette immunité acquise lors d'une première infection n’est pas pérenne. Toutefois, les spécialistes notent un motif d'espoir dans le fait que cette réinfection s'est révélée moins sévère que la première, signe que le système immunitaire aurait appris à se défendre. Outre les anticorps, des chercheurs espèrent qu’un autre type de réponse immunitaire, basé sur des cellules, les lymphocytes T, puisse freiner l’épidémie. 

Les enfants "super transmetteurs" ou non ? Si au début de l’épidémie, des scientifiques alertaient sur le potentiel rôle contaminant des plus jeunes, il semblait acquis qu'ils n'étaient finalement pas de grands vecteurs de diffusion. Mais une étude publiée fin juillet est venue de nouveau inciter à la vigilance. Sans symptôme, mais infectés et même très contagieux ? C'est, en substance, ce qu'elle est venue souligner, s'appuyant sur le fait que le taux de matériel génétique du coronavirus détecté dans le nez d'enfants de moins de cinq ans est 10 à 100 fois plus élevé que celui trouvé chez des enfants plus âgés et des adultes. De manière générale, nombre d'experts appellent à prendre en compte l'âge des enfants en matière de contagiosité.

Un vaccin pour bientôt ? La mise au jour d'un vaccin serait la façon la plus efficace de lutter contra la propagation du virus. Les laboratoires du monde entier se sont lancés dans cette course effrénée et aux enjeux financiers considérables, personne ne semble vraiment pouvoir dire, malgré les effets d'annonces, quand ce jour historique arrivera. Ces derniers mois, les chercheurs évoquaient plutôt le premier semestre 2021 pour qu’un vaccin voit le jour. Mais le mois dernier, la Russie a annoncé la mise à disposition prochaine d’un vaccin. Plus récemment encore, c'est le gouvernement américain qui a annoncé préparer la distribution à grande échelle d’un vaccin d’ici le 1er novembre, soit deux jours avant l’élection présidentielle. Suscitant la défiance des concurrents démocrates de Donald Trump.

D'où vient vraiment le virus ? Pour les services de renseignements américains, le virus du Covid-19 n'a pas été créé par l'homme ou modifié génétiquement. Connaître son origine permettrait de mieux le comprendre et mieux le combattre. Si des virus proches ont été retrouvés chez la chauve-souris fer à cheval du Yunnan en Chine, et chez le pangolin malais, aucun chercheur n'est parvenu, pour l'heure, à identifier un animal infecté par un virus à 99% similaire ce qui permettrait de remonter la piste qui l'a mené jusqu'à l'Homme.

Ce que l'on sait

Quels modes de transmission ? On sait désormais que le Covid-19 se transmet vraisemblablement également par de fines gouttelettes en suspension dans l’air expiré et non pas uniquement via les postillons, ou des mains infectées comme présagé dans un premier temps. Selon plusieurs études, la part de ce mode de transmission dans la dynamique épidémique pourrait même être conséquente. Un article publié le 1er septembre par la revue médicale américaine Jama Internal Medicine est, lui, venu corroborer la thèse de la transmission aérienne. On y apprend qu'en janvier, aux prémisses de la pandémie, un passager infecté et asymptomatique a contaminé le tiers de son autocar mal ventilé pendant un trajet de moins d'une heure et un retour. 

Comment un passager a-t-il pu contaminer le tiers d’un bus en Chine ?Source : 24H PUJADAS, L'info en questions

Quand un malade est-il contagieux ? Lorsque les symptômes du coronavirus se font sentir chez un patient, celui-ci peut déjà être contagieux depuis plusieurs jours. "Ce que l’on sait globalement de l’infection, c’est que la période durant laquelle les patients sont particulièrement contagieux commence deux jours avant même l’apparition des symptômes", rappelait il y a quelques jours encore Etienne Decroly, directeur de recherche au CNRS, auprès de LCI. L'infection, elle, survient encore deux à trois jours avant le début de contagion même s’il "s’agit d’une moyenne et non d’une vérité absolue", tempérait le chercheur. En résumé : une fois le virus attrapé, il faut généralement deux à trois jours pour être contagieux et encore deux jours supplémentaires pour développer des symptômes. 

Quels moyens pour limiter la propagation ? Pour lutter contre l'épidémie, le respect des gestes barrières et le port du masque sont présentés comme la solution la plus efficace pour lutter contre le coronavirus. D’autant plus, au regard des différentes études publiées ces derniers mois, lorsqu'on se trouve dans un lieu clos, densément peuplé et mal ventilé, considéré comme le plus à risque. 

Quelle part d'asymptomatiques ? 51% des personnes positives au Covid-19 présentent des symptômes, selon Santé publique France. Autrement dit, un contaminé sur deux n'aurait jamais de symptômes. Il est possible d'ailleurs qu'il ne sache même pas qu'il ait été infecté.

Quels traitements ?  On y voit aujourd'hui plus clair, grâce aux essais cliniques. Un seul type de médicaments a montré qu'il réduisait la mortalité : les corticoïdes, qui combattent l'inflammation. Mais ils ne sont indiqués que pour les "formes sévères ou critiques" de la maladie, insiste l'OMS. Un antiviral, le Remdésivir, réduit la durée d'hospitalisation, mais son bénéfice est relativement modeste. En revanche, l'hydroxychloroquine, défendue par le président américain Donald Trump et, en France, par le professeur Didier Raoult, n'a pas démontré d'efficacité.


Audrey LE GUELLEC

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