Conflits d'intérêt : l'infectiologue Karine Lacombe répond à Didier Raoult

POLEMIQUE - Membre du Conseil scientifique, l'infectiologue, apparue plusieurs fois aux côtés de l'exécutif pendant la crise, a répondu, devant la commission d'enquête sur la gestion de crise, aux accusations de conflits d'intérêt formulées par Didier Raoult, la veille.
Le remdevisir aurait-il été préféré à l'hydroxychloroquine dans le traitement du coronavirus ? C'est la question qui est posée, après les accusations à peine voilées formulées par Didier Raoult, mercredi 24 juin, lors de sa longue audition par la commission d'enquête parlementaire de l'Assemblée nationale sur la gestion de crise sanitaire. Le lendemain de cette audition fleuve, c'était au tour de sa consœur, l'infectiologue Karine Lacombe, qu'il a un temps côtoyée lors de son court passage au Conseil scientifique, l'instance chargée d'accompagner l'exécutif dans la gestion de crise, de répondre aux accusations.
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"Je n'ai jamais eu le sentiment qu'il y ait eu un médicament plus poussé qu'un autre. Au contraire, on nous a poussé à monter les essais nécessaires pour montrer que certains médicaments étaient efficaces, et peut-être plus que la prise en charge standard", a-t-elle ainsi affirmé à l'Assemblée nationale, en réponse aux accusations de Didier Raoult sur des conflits d'intérêt qui auraient favorisé le remdesivir du laboratoire Gilead contre le Covid-19, parlant même "d'obsession de vouloir traiter les gens avec". Citant par exemple un lien d'intérêt, depuis déclassé, de l'infectiologue Yazdan Yazdanpanah, avec le géant pharmaceutique.
Moins tranchée, la cheffe du service des maladies infectieuses de l'hôpital Saint-Antoine a admis n'avoir "aucune preuve qu'il n'y a pas eu (...) de conflits d'intérêt, de financements occultes. Je me prononce en temps que médecin, qui a été en contact avec certains membres" de ces instances. "Je ne peux pas croire que dans une situation sanitaire aussi exceptionnelle, il y ait eu de la part du Conseil scientifique, de la HAS (Haute autorité de santé, NDLR) ou de l'Agence du médicament (ANSM), une volonté de ralentir l'arrivée sur le marché de médicaments, (...) simplement parce qu'il y avait un laboratoire, aussi puissant puisse-t-il être", qui aurait exercé son influence, a-t-elle encore poursuivi.
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Retour sur l'audition de Didier Raoult à l'Assemblée
La "victime médiatique" d'un débat "empêché"
Karine Lacombe avait été une des premières personnalités à pointer du doigt "la méthodologie contestable" du professeur Raoult, au mois de mars dernier. Un positionnement qu'elle continue d'assumer ce jeudi, mais qui lui a valu nombre d'intimidations de la part des partisans du célèbre chercheur marseillais. "Je ne me suis pas opposée à une molécule mais j'ai apporté un regard critique", résume-t-elle aujourd'hui, jugeant que l'espoir né de l'hydroxychloroquine était "prématuré" et qu'elle a été une "victime médiatique" de ce débat "empêché".
Sur la question plus spécifique des liens et conflits d'intérêt, la chercheuse a expliqué que les liens d'intérêt étaient encadrés par une loi de 2017, interdisant de recevoir d'avantages de la part des industriels et des laboratoires, à l'exception de "défraiements" d'activités de recherche ou de conseil, et de frais de repas, de transport ou d'hébergement "pour des manifestations à caractère exclusivement professionnel et scientifique".
Dans ce cadre, la chercheuse dit avoir réalisé des "conférences" et des "prestations d'expert" pour plusieurs industriels, dont Gilead, après accord de son employeur, l'université de la Sorbonne, dont les rémunérations sont publiées sur la base de données Transparence Santé. Des activités qui, si elles prouvent l'existence d'un lien avec les laboratoires pharmaceutiques, respectent toutefois les règles prévues en la matière, juge Karine Lacombe.
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