CARTE - L’épidémie s’est-elle déplacée vers l'ouest et le sud de la France ?

Publié le 17 juillet 2020 à 11h24, mis à jour le 12 novembre 2020 à 18h13

Source : TF1 Info

VIRUS - Selon Santé Publique France, le taux de reproduction du virus est désormais le plus élevé dans les régions jusqu’alors épargnées par l’épidémie - notamment l'Ouest et le Sud. Cela veut-il dire que le virus circule davantage dans ces zones ?

Alors que les médecins invitent à la prudence face aux signaux montrant une légère hausse de l’épidémie, ce sont six régions qui voient leur taux de reproduction (R effectif) dépasser le 1, d’après les chiffres du gouvernement arrêtés au 14 juillet. Dans le détail, il s’agit de la Bretagne avec un taux record de 2,62, mais aussi des Pays de la Loire (1,52), de la Nouvelle Aquitaine (1,4), de la Provence Alpes Côte d’Azur (1,6), des Hauts de France (1,1) et de l’Ile-de-France (1,1). En Outre-mer, la Réunion est également concernée avec un taux évalué à 2,3. 

La majorité de ces régions - notamment de l'Ouest - étaient pourtant jusqu’alors relativement épargnées par l’épidémie, les deux principalement frappées au plus fort de la crise sanitaire ayant été le Grand-Est et l’Ile-de-France. Ce qui a fait dire à Frédéric Adnet, directeur des urgences d'Avicennes, à Bobigny, au micro de France Inter que si cette tendance se confirmait, il s’agirait alors d’une "première vague" et non d’une seconde, comme on a pu l’entendre. "L’épidémie progresse vers l’ouest et vers le sud, comme aux États-Unis où l'épidémie a progressé de l’est vers l’ouest et du nord vers le sud", a assuré le médecin.

Taux de reproduction du virus (R effectif) par région. Carte réalisée par notre partenaire Esri France.

Un R0 de 1,05 en France contre 2,8 au pic de l'épidémie

Pour calculer le R effectif, Santé Publique France se fonde sur les tests de dépistage effectués dans chaque région. Le 10 juillet par exemple, 2.138 personnes ont été testées positives en Bretagne (avec un taux de positivité de 1,9 %), 2.969 dans les Pays de la Loire (taux de 1,9 %), 4.102 en Nouvelle Aquitaine (taux de 0,5 %), 5.601 en Paca (taux de 0,6 %), 5.006 dans les Hauts de France (taux de 1 %), et 14.183 en région parisienne (taux de 1,1 %). Avec les taux de positivité, d’incidence et d’occupation en réanimation, le R effectif est l’un des quatre indicateurs permettant de surveiller l’épidémie depuis le déconfinement. Santé Publique France le définit comme le "nombre moyen de personnes infectées par un cas" et résulte de trois facteurs : le risque de contamination pendant un contact physique, le nombre de contacts quotidiens et la durée de contagiosité d’une personne malade (allant jusqu’à 14 jours).

Concrètement, lorsque ce taux est supérieur à 1, cela signifie que chaque personne positive au Covid-19 contamine plus d’une personne de son entourage. C’est à partir de ce seuil que l’on considère que des clusters se forment : au total, 95 clusters sont en cours d'investigation, selon Santé Publique France dans son bilan du 16 juillet. En France, le taux de reproduction est aujourd’hui estimé à 1,18. Au pic de l’épidémie le 15 mars dernier, il était de 2,8. 

Mais si ce taux est utile pour surveiller la circulation du virus, il ne suffit pas pour constater que l’épidémie s’accélère, selon Santé Publique France. En effet, le taux de reproduction peut rapidement augmenter à cause de plusieurs événements propres à chaque territoire : "Par exemple, la survenue d’un cluster dans une entreprise peut conduire à des actions de dépistage et un afflux de patients dans un service d’urgence ou dans un laboratoire, faisant augmenter ponctuellement le R sans pour autant qu’il y ait une diffusion dans la communauté." 

Lancement des dépistages massifs en MayenneSource : JT 13h Semaine

Il doit donc être mis en perspective avec d’autres indicateurs, en particulier le nombre de cas, le taux d’incidence et la présence de clusters, pour fournir une surveillance complète de l’épidémie. Dans les Pays-de-la-Loire par exemple, le taux de reproduction particulièrement élevé -le plus haut de France- peut s’expliquer par la présence de sept clusters en Mayenne. Jeudi 16 juillet, le département a dépassé son seuil d'alerte compte tenu de plusieurs voyants au rouge, et notamment du taux d'incidence évalué à 50,7 (plus de 50 nouveaux cas positifs pour 100 000 habitants ces sept derniers jours). 

Pour autant, Santé Publique France affirme qu’il est trop tôt pour expliquer ce déplacement de l’épidémie en France et indique être encore au stade de l’observation, avant la publication de son prochain bilan d’ici la fin de semaine.


Caroline QUEVRAIN

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