Covid-19 : Non, il n'y a pas de "camp d'enfermement" pour enfants dans les Landes

Publié le 27 juillet 2021 à 15h33, mis à jour le 27 juillet 2021 à 17h59
Dans une vidéo de 13 minutes publiée le 16 juillet, l'ancien journaliste Richard Boutry insinue que des enfants seraient enfermés contre leur gré dans des "camps covid" dans les Landes
Dans une vidéo de 13 minutes publiée le 16 juillet, l'ancien journaliste Richard Boutry insinue que des enfants seraient enfermés contre leur gré dans des "camps covid" dans les Landes - Source : La minute de Ricardo

COMPLOTISTE - Dans une vidéo publiée ce lundi, l'ancien journaliste Richard Boutry insinue que des "enfants" positifs au Covid-19 ou cas contacts seraient "enfermés" contre leur gré dans des "camps Covid" dans les Landes. C'est totalement faux.

Après les étoiles jaunes affichées dans les cortèges anti-vaccin, voilà qu'on accuse les autorités de mettre en place des "camps Covid". Les références au nazisme continuent de s'inviter dans les milieux complotistes avec, cette fois-ci, la vidéo d'un ancien journaliste, Richard Boutry, publiée ce lundi 26 juillet. Il accuse la préfecture des Landes et la Croix-Rouge d'enfermer des "jeunes" - positifs au Covid-19 ou cas contacts - dans une "prison dorée" du département. Une vidéo mensongère, aux méthodes trompeuses qui, au sein des services de l'État dans les Landes, est décrite comme proprement scandaleuse.

Ancien présentateur à France Télévisions devenu figure de proue des anti-restrictions, Richard Boutry tient, depuis janvier 2019, une chaîne YouTube baptisée "La minute de Ricardo". C'est par ce biais qu'il propage, depuis le début de la pandémie, une série de fausses informations rediffusées "par plusieurs sites à tropisme conspirationniste", comme le relève le site spécialisé en la matière, Conspiracy Watch. Dernière en date, cette vidéo de treize minutes. Sous couvert d'une "enquête journalistique", il accumule les on-dit afin d'accuser les autorités de "placer" de "jeunes cas contacts ou positifs" dans un centre d'où "ils n'ont pas le droit de sortir".

Si Richard Boutry aime se targuer de son passé dans les médias, ce n'est pourtant pas comme un journaliste qu'il se présente auprès des interrogés, mais comme quelqu'un "qui représente des parents". Et de fait, son travail est parfaitement malhonnête. Avançant par insinuation, il n'interroge jamais les responsables concernés, préférant à chaque fois recueillir le "témoignage" d'interlocuteurs croisés par hasard, qui lui répètent "ne pas savoir". "C'est pas moi qui gère ça, adressez-vous aux personnes concernées", assène ainsi l'une des personnes questionnées.

Qu'à cela ne tienne, l'ancien présentateur conclut que son document est "une bombe", que des "enfants sont emprisonnés", alors même que la personne interrogée précédemment lui répète que les usagers ont "entre 20 et 25 ans".

Pourtant, il n'en est rien. En réalité, il s'agit d'une "solution matérielle d'isolement" mise à disposition depuis le 18 juillet pour les "personnes qui en seraient démunies" afin de répondre à l'ampleur de la quatrième vague épidémique qui touche ce département. Elle est proposée par la préfecture des Landes à certaines personnes majeures qui, dans des situations "rares", n'ont pas de lieu pour s'isoler, comme cela peut être le cas "pour des travailleurs saisonniers". "Elles y sont accueillies sur la base exclusive du volontariat", assure à LCI.fr la préfecture, qui n'a pas été contactée par l'ex-journaliste. Une personne proche du dossier à la préfecture, qui décrit une vidéo "scandaleuse", confirme, elle aussi, que ces jeunes, tous majeurs, ne sont pas enfermés contre leur gré.

Information corroborée par la Croix-Rouge française qui a apporté un "soutien technique" à cette opération. L'association a assuré "leur hébergement, le portage de leurs repas, la blanchisserie et de la conciergerie", explique-t-elle dans un communiqué.

Les autorités ont donc simplement jugé bon d'ouvrir ces nouveaux lieux, situés dans les locaux d'hébergement du lycée agricole Hector Serres, à Oeyreluy, avec "l'appui technique de la Croix-Rouge", afin proposer des places à l'isolement à des personnes majeures demandeuses d'une telle solution. "Pour le moment, il n'y a pas de mineur accueilli dans ce dispositif", précise la préfecture dans un communiqué. Mais "si des mineurs devaient être accueillis, ils ne le seraient qu'à la demande, et en présence permanente de leurs responsables légaux".

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Malgré ce démenti, le mal est déjà fait. Alors que Richard Boutry appelle les internautes, à la fin de sa vidéo, à "réagir", la Préfecture et la Croix-Rouge sont toutes les deux les cibles d'un déferlement de haine de la part d'internautes. Ils font, eux aussi, le raccourci entre simple hébergement d'accueil et "camp de concentration". Certains appellent déjà à aller sur les lieux afin de "sortir de là" ces jeunes tout à fait volontaires ou les "sauver". Cette vidéo, au-delà de créer de toute pièce une fausse information, pourrait potentiellement mettre en danger le personnel de ce centre, et celui de l'association.

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Felicia SIDERIS

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