À LA LOUPE – Depuis le début de l'épidémie de Covid-19, l'Insee diffuse le nombre de décès quotidien et compare les chiffres avec 2019 pour mesurer l'évolution de la mortalité dans les différents départements. Mais l'un d'entre eux manque à l'appel : les Bouches-du-Rhône. De quoi relancer les thèses complotistes sur les soins prodigués par l'IHU de Marseille, dirigés par le Pr Raoult, pour endiguer le coronavirus.
Dans un souci de transparence sur l'ampleur de l'épidémie de coronavirus Covid-19, l'Insee a décidé de publier "exceptionnellement" le nombre de décès par jour et par département. Ces chiffres, actualisés toutes les semaines, permettent de comparer l'évolution de la mortalité entre 2019 et 2020. On apprend ainsi grâce à eux, par exemple, que dans le Haut-Rhin - qui abrite notamment la ville de Mulhouse, un foyer important de l'épidémie - le nombre de décès du 1er au 16 mars 2020 est en hausse de 38 % par rapport au nombre de décès du 1er au 16 mars 2019.
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Tous les départements sont renseignés, de métropole comme d'Outre-mer. Tous, sauf un... les Bouches-du-Rhône. Or, c'est ici, à l'IHU Méditerranée Infection de Marseille, que le professeur Didier Raoult et ses équipes effectuent des soins et des prescriptions à partir de chloroquine et d'hydroxychloroquine pour diminuer la charge virale des patients infectés par le Covid-19. Il n'en fallait pas moins pour que sur les réseaux sociaux les amateurs de complots imaginent que les résultats du professeur Raoult sont dissimulés.
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L'Insee n'a pu obtenir les données de Marseille
Comment justifier l’absence des Bouches-du-Rhône, troisième département le plus peuplé de France ? L'Insee fournit une explication au sein de la note méthodologique accompagnant la publication. "Depuis le 13 mars, la mairie de Marseille n’a pu transmettre aucun nouveau décès du fait d’un problème technique. C’est pourquoi les données des Bouches-du-Rhône sont pour le moment arrêtées au 11 mars."
Dans les Bouches-du-Rhône, la comptabilisation des #décès est suspendue en raison d’un pb informatique à la mairie de #Marseille , ville qui compte la moitié des décès du département. Ceci est signalé et expliqué dans la note méthodologique associée 👉 https://t.co/h8eE44s0gS — Insee (@InseeFr) March 30, 2020
Nous avons cherché à avoir davantage de précisions. Contacté par LCI, l'Insee nous explique que "la comptabilisation des décès est, en effet, suspendue en raison d’un problème informatique à la mairie de Marseille." De plus, la seule commune de Marseille enregistrant habituellement "la moitié des décès pour toutes les Bouches-du-Rhône", publier des résultats de ce département sans ses chiffres serait peu représentatif.
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Marseille victime d'une cyberattaque
"Problème technique", "problème informatique" ? Mais que se passe-t-il à la ville de Marseille ? En joignant la mairie, celle-ci nous confirme que ses services subissent depuis plusieurs semaines "une cyberattaque" qui touche à la fois la commune et la Métropole Aix-Marseille-Provence. "L'attaque a mis à mal nos capacités et nous n'avons pas pu envoyer nos informations à l'Insee dans les délais requis."
La municipalité nous informe qu'elle tient quotidiennement à jour "un registre papier en attendant la remise en route, dans les prochains jours, du logiciel habituellement utilisé pour la saisie de ces données et la transmission instantanée des informations à l'Insee et à la Préfecture."
Cette cyberattaque de grande ampleur a débuté le 14 mars, comme l'indique l'Agence nationale de la sécurité des systèmes informatiques. Son communiqué précise qu'il s'agit d'une attaque "de type rançongiciel [...] principalement conduite par des acteurs aux motivations lucratives. Les rançongiciels - ransomware en anglais - constituent une catégorie de programmes malveillants visant à obtenir le paiement d’une rançon."
Pour l'heure, la mairie n'est pas en mesure d'indiquer quand les chiffres sur la mortalité à Marseille pourront être communiqués à l'Insee.
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