GESTION DE CRISE – Les professionnels de santé ont la responsabilité de gérer les patients atteints de coronavirus, au nombre de 57 selon le dernier bilan officiel. Mais aussi de prévenir la propagation de l’épidémie sur le sol français. Sur fond de crise de l’hôpital public, la tâche n’est pas simple.
19 nouveaux patients atteints de coronavirus ont été confirmés ce vendredi 28 février par le ministre de la Santé, portant le dernier bilan officiel à 57 cas recensés. Déjà à flux-tendu depuis des mois, les personnels soignants sont en première ligne dans la gestion du virus. Postes vacants par centaines, manque de moyens humains et matériels, horaires à rallonge… L’hôpital public souffre d’une crise sans précédent et les plans annoncés par le gouvernement à l’automne n’ont pour l’instant pas satisfait les professionnels mobilisés.
La séquence d'un médecin neurologue interpellant Emmanuel Macron à La Pitié-Salpêtrière illustre bien cette année de conflit entre le monde de la santé et l’exécutif. "On est au bout et, pour le moment, vous n'êtes pas là", a lancé le Dr François Salachas, membre du collectif inter-hôpitaux, au chef de l'État.
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Avec le Président de la République ce matin, aux côtés des soignants de l’ @HopPitieSalpe , pour saluer leur engagement et échanger sur la prise en charge des malades. pic.twitter.com/9onAEeLcZM — Olivier Véran (@olivierveran) February 27, 2020
C’est donc dans un contexte difficile que les personnels soignants doivent parer au mieux "l’introduction et la propagation du virus", selon un guide pratique rendu public le 17 février. Le 26, le ministre de la Santé leur a adressé une lettre dans laquelle il indique la marche à suivre : "La stratégie de lutte contre l’épidémie vise dans une première phase à freiner l’introduction et la propagation du virus sur le territoire national. (…) Elle a également pour objectif d’isoler et traiter les patients classés 'cas confirmés' dans les établissements de santé habilités pour le Covid-19."
Face à la menace d’une crise sanitaire en France, le gouvernement se mobilise et joue la transparence. Dans un point à la presse jeudi à Matignon, Edouard Philippe a précisé les contours du dispositif médical renforcé : 108 hôpitaux se tiennent désormais prêts à accueillir des malades, "200 millions de masques supplémentaires" ont été commandés et les "capacités de diagnostic" ont été augmentés afin de tester le nombre nécessaire de patients à risque.
[ #CORONAVIRUS ] Évolution de la situation, réponses à vos interrogations et conseils… Retrouvez l’ensemble de l’information sanitaire sur le COVID-19 sur https://t.co/SeQSsKcgnC pic.twitter.com/41pObvTSfO — Gouvernement (@gouvernementFR) February 28, 2020
Les Agences régionales de Santé (ARS), elles, ont été chargées de lancer le dispositif Orsan, permettant d’organiser la réponse sanitaire adéquate en cas de risque d’épidémie. Créé en 2014, il prévoit de renforcer la prise en charge ambulatoire et les effectifs, d’ouvrir des lits supplémentaires et de repousser les interventions considérées comme non-indispensables. Si l’accueil de patients venait à exploser, les médecins repousseront alors les opérations non-urgentes "pour pouvoir concentrer les efforts sur ce qui est le plus urgent", a confirmé Martin Hirsh, directeur de l’AP-HP, sur France Info.
Plusieurs plans blancs ont également été déclenchés depuis jeudi, dans l’Oise et en Côte d’Or, après la présence de patients contaminés. Concrètement, ce plan engendre une "mobilisation maximale" selon l’ARS, c’est-à-dire davantage de moyens humains et matériels ainsi qu’une cellule de crise. Sauf que les moyens risquent de vite manquer : à l'hôpital de Compiègne, seuls 6 lits sur 15 restent ouverts et 95 membres du personnel ont été invités à rester chez eux pour des suspicions de contamination.
Dans certaines régions d'ailleurs, la panique a pris le pas sur la prudence. Des vols de masques de protection ont notamment été constatés au CHU de Nice, rapporte Nice-Matin. De quoi pousser Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, à dénoncer dans la foulée la pénurie de matériel dans la ville mais aussi l’impréparation du gouvernement. Selon Olivier Véran, 15 millions de masques ont déjà été déstockés et envoyés dans les hôpitaux pour pallier le manque.