Covid-19 : des personnes plus à risque d'être hospitalisées à cause d'un gène hérité de Néandertal ?

Publié le 2 octobre 2020 à 8h00
PIERRE ANDRIEU / AFP
PIERRE ANDRIEU / AFP - Source : PIERRE ANDRIEU / AFP

GÉNÉTIQUE - Un fragment d’ADN qui nous vient de la préhistoire semble être un facteur aggravant du Covid-19. Presque absent dans la population africaine, il est en revanche présent chez la moitié de la celle d'Asie du Sud.

Et si notre héritage génétique tout droit venu de la préhistoire était un facteur aggravant du Covid-19 ? C'est en tout cas la piste défendue par un duo de scientifiques, ce mercredi dans la revue "Nature". Un morceau de chromosome hérité de l’homme de Néandertal favoriserait en effet les formes les plus graves de la maladie, selon Svante Pääbo (Institut Max-Planck d’anthropologie évolutionniste, Leipzig) et son collègue Hugo Zeberg (Institut Karolinska, Stockholm). 

Découvert chez les personnes nécessitant une hospitalisation après avoir été infectées par le nouveau coronavirus, cette trace d'ADN néandertalienne se trouve sur le chromosome 3. "Les personnes qui ont hérité de cette variante du gène ont trois fois plus de chances d'avoir besoin d'une ventilation artificielle si elles sont infectées par le nouveau coronavirus Sars-CoV-2", explique dans un communiqué Hugo Zeberg dont l'analyse génétique a bénéficié d'une publication accélérée.

Un risque 1,6 fois plus élevé

Pour parvenir à leurs conclusions, ces derniers se sont appuyés sur des données récentes consacrées à l'identification des facteurs de risques génétiques associés aux formes sévères de Covid-19, issues du "New England Journal of Medicine" et de la Covid-19 Host Genetics Initiative. On y apprend notamment qu'une région du chromosome 3 englobant six gènes augmente le risque relatif de contracter une forme sévère de la Covid-19 nécessitant une hospitalisation de 1,6 fois. 

Or, ainsi que s'en fait l'écho Le Monde, ce variant "aggravant" était présent en deux exemplaires dans le génome du fossile néandertalien Vindija 33.19, qui a vécu dans l’actuelle Croatie il y a 50.000 ans, et dans plusieurs squelettes issus de Sibérie. 

On soigne mieux et différemment les formes graves de Covid-19 dans les hôpitauxSource : JT 13h Semaine

Présent chez un européen sur six

Mais ce fragment d'ADN hérité de notre cousin disparu n'est pas présent de manière homogène sur toutes les parties du globe soulignent également les deux chercheurs. Très peu répandu voire absent au sein de la population africaine, il est en revanche présent chez 16 % de la population européenne et 50% de la population d'Asie du Sud. C'est au Bengladesh que se trouve la proportion de porteurs la plus forte, avec 63 % de la population possédant au moins une copie du variant à risque, et 13 % deux exemplaires, sur la paire de chromosomes 3.

Voilà qui corrobore les résultats d'une récente étude de l’agence Public Health England selon laquelle les personnes originaires du Bangladesh hospitalisées en Grande-Bretagne pour Covid-19 avaient deux fois plus de risque d’en mourir que la population générale. Mais les travaux de Svante Pääbo et Hugo Zeberg pourraient également expliquer la faible mortalité en Afrique.


Audrey LE GUELLEC

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