Les médecins généralistes face à "une explosion" des virus saisonniers… parfois confondus avec le Covid

Audrey LE GUELLEC | Reportage : L. Adda et T. Acket
Publié le 16 novembre 2021 à 18h54, mis à jour le 16 novembre 2021 à 19h16

Source : JT 20h Semaine

CONFUSION - Si la reprise de l'épidémie de Covid-19 est bien à l'œuvre dans l'Hexagone, de nombreux Français présentent des symptômes sans être positifs. De fait, le relâchement des gestes barrières a entrainé le retour en force des maladies hivernales aux symptômes similaires.

Au moment où les cas de Covid repartent à la hausse en France, d'autres virus saisonniers sont déjà bien installés. Contrairement à l'année dernière, où de nombreuses pathologies habituellement présentes en période de froid ont été très affaiblies, voire éteintes, les cas de rhumes, gastro-entérites et de grippe ont bel et bien fait leur retour dans les salles d'attente des médecins. 

"On peut même parler d'une explosion de cas parce que ça faisait longtemps qu'on ne les avait pas vues", analyse le Dr Jean-Christophe Nogrette, président du syndicat de médecins MG France en Haute-Vienne. "On voit revenir les bonnes vielles rhinos depuis un mois environ", souligne-t-il notamment. Or, les symptômes de ces maladies hivernales sont si proches de ceux du Covid qu'ils ont parfois de quoi semer la confusion dans l'esprit des patients comme dans celui des médecins.

"On est à saturation"

"Il n'y a rien qui ressemble plus à une atteinte des muqueuses de la gorge du nez et des poumons qu'une autre atteinte des muqueuses de la gorge du nez et des poumons", résume le médecin généraliste, évoquant rappelant que "les symptômes du Covid sont un peu les symptômes de la grippe ou de la bronchiolite". Dans ce contexte, cela ne semble pas étonnant que les médecins voient défiler dans leur cabinet des patients "presque sans symptôme qui sont persuadés d'avoir le Covid mais que ne l'ont pas" et des patients "qui ont des symptômes Covid mais qui pensent avoir tout sauf le Covid alors que leurs tests reviennent positifs".

S'il admet qu'"il y a moins de patients de covid et que les tests des patients qu'on envoie se faire tester reviennent rarement positifs", le responsable syndical haut-viennois juge néanmoins le contexte "inquiétant". Et de détailler : "On se retrouve avec des consultations qui regorgent de patients avec des symptômes respiratoires, certes on en a toujours eu l'habitude, mais là, la médecine générale et l'hôpital sont à genoux et très vite, on est à saturation."

L'importance du dépistage

Pour expliquer le caractère inédit de cet hiver depuis le début de la crise sanitaire, Jean-Christophe Nogrette rappelle que "l'hiver dernier, il n'y avait pas encore de vaccin, tout le monde avait peur d'attraper cette maladie dont on décomptait les morts tous les soirs à la télévision". La population prenait par conséquent plus de précaution qu'aujourd'hui où "il y a aussi chez les gens vaccinés moins de rigueur dans l'application des gestes barrières en ce moment". 

Si pour l'heure, "le virus respiratoire VRS domine sur les autres, à savoir celui qui donne de bons gros rhumes chez les adultes avec bronchite mais à l'origine des bronchiolites chez les petits", seules quelques grippes ont été signalées. "Pour l'instant cela reste des cas sporadiques, mais imaginez une épidémie de grippe là-dessus, on est mal", alerte-t-il appelant chacun à redoubler de vigilance en matière de respect des gestes barrières dans ce contexte sanitaire encore incertain. Mais aussi à se faire dépister. "Tant que le virus circule, c'est comme au plus fort de l'épidémie : si j'ai des symptômes, je vais d'abord me faire tester."

"Comme les symptômes sont un peu tous les mêmes même en ce moment et qu'il y a une recrudescence de cas de Covid, c'est compliqué pour nous aussi de s'y retrouver et on a tendance à faire des tests plus facilement", abonde le Dr Sylvaine Le Liboux secrétaire générale Les Généralistes CSMF. Comme son confrère, cette médecin du Centre-Val de Loire estime qu'il faut "resserrer les boulons sur les gestes barrières" mais ne pas hésiter, encore plus dans ce contexte, "à se faire vacciner contre la grippe".


Audrey LE GUELLEC | Reportage : L. Adda et T. Acket

Tout
TF1 Info