Covid-19 : "On est dans une reprise épidémique, donc dans une deuxième vague", estime Martin Blachier

Publié le 15 septembre 2020 à 10h20

Source : TF1 Info

INTERVIEW - Invité d'Elizabeth Martichoux mardi 15 septembre, l’épidémiologiste Martin Blachier est notamment revenu sur la deuxième vague de la pandémie de coronavirus qui, redoutée dans le monde entier, a pris de la consistance en France.

Fin de l’été dans l’hémisphère Nord et de l’hiver dans l’hémisphère Sud : l’épidémie de Covid-19 termine actuellement son premier tour de piste. "Cela va devenir plus dur. En octobre, en novembre, on va voir une mortalité plus élevée", a déclaré, lundi 14 septembre, le directeur de la branche européenne de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). 

Faut-il parler de deuxième vague ? "On est dans une reprise épidémique donc dans une deuxième vague. Tout le monde en parle, c'est communément admis. Voilà, on y est" confirme l'épidémiologiste Martin Blachier, invité ce mardi 15 septembre sur LCI qui, pour autant, contrairement à ce que prédit l'OMS, "ne voit pas pourquoi il y aurait une augmentation de la mortalité au cours de l'hiver" : "La suite de l'épidémie dépend du comportements des gens. Je vois pas pourquoi il y aurait plus de morts cet hiver (...) je ne crois pas à cette prévision alarmiste (...) Des mesures prises en France et en Espagne permettront de juguler cette reprise (...) il y aura quelques décès supplémentaires mais il n'y aura pas de mortalité conséquente", assure-t-il.

Reste le réflexe instinctif de comparer la situation en France avec le reste du monde. Apparemment, la Chine ne semble pas faire face à une nouvelle vague de l'épidémie : "C'est réel", assure-t-il, balayant les doutes. "Il n'y a pas de reprise en Chine, il n'y en a pas en Australie, au Canada, en Suède...". Et note même des différences entre la France et l'Italie, deux pays voisins régulièrement comparés : "L'Italie a eu un été plus 'raisonnable' et donc une reprise moins importante que la France et que l'Espagne".

Le conseil scientifique ? "Je pense qu'il ne sert plus à rien"

En attendant un vaccin et des traitements, l'épidémiologiste, pour qui la reprise de l'épidémie est créée par la combinaison de ces deux "séquences", recommande le "port du masque en intérieur". "On est dans une deuxième étape de l'épidémie où les gens vont contaminer leurs proches", insiste-t-il.

Concernant les grands rassemblements, c'est "oui à 20 ou 30, oui, pas à 100 ou 200" : "Jusqu'à l'été prochain, je pense qu'on aura quelque chose qui va sortir de l'innovation médicale qui nous permettra de sortir de cette situation". En attendant, "il faut éviter absolument les grands brassages à 100, 200 personnes. Une épidémie ne peut pas reprendre seulement avec les fêtes familiales à 8 ou 10 (...) Pour relancer l'épidémie, il faut qu'il y ait des grands événements de 100, 150 personnes, du genre mariages, un bar qui accueille sans mesures barrières (...) Il va falloir éviter de faire des bêtises pendants les quelques mois à venir". Et pour les personnes âgées, il préconise "de ne surtout pas les isoler, ça fera plus de mal que de bien".

Concernant le télescopage Covid19 / grippe redouté par certains, le spécialiste en Santé publique "n'y croit pas du tout" : "Ce 'cocktail explosif', c'est de l'anxiété inutile", assure-t-il, d'une part grâce à l'application des gestes barrières et de l'autre parce que "la grippe est beaucoup moins contagieuse que le Covid". Avant de prendre exemple sur le Brésil, très touché par le Covid-19 et pas par la grippe. 

Autrement, il affirme que le Conseil scientifique qui murmure à l'oreille du gouvernement ne sert plus à rien : "Je ne vois pas pourquoi il existe encore, estime-t-il. Ce qui compte, ce sont les études qui sont publiées. Je ne trouve pas que les recommandations sont pertinentes, ni le mode de communication, donc je ne comprends pas pourquoi il existe encore."


La rédaction de TF1info

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