Covid-19 : "Il faut cesser de disserter sur la deuxième vague, il faut s'y préparer", selon le Pr Philippe Juvin

INTERVIEW - Invité politique d'Elizabeth Martichoux jeudi 9 juillet, le professeur Philippe Juvin, chef des urgences hôpital Pompidou à Paris, fait le point sur les spéculations autour de la deuxième vague tant redoutée dans l'Hexagone.
Faut-il craindre une deuxième vague incessamment ? C'est la question qui hante les esprits des Français à la faveur des vacances estivales, d'ordinaire synonymes de quiétude morale. Force est de constater que l'ombre menaçante du nouveau coronavirus plane toujours. "Il faut se préparer à une reprise de l'épidémie [de Covid-19], voire à une deuxième vague", a confié ce mercredi 8 juillet le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon. Invité d'Elizabeth Martichoux ce jeudi 9 juillet, le professeur Philippe Juvin, chef du service des urgences de l'hôpital Pompidou à Paris, constate que dans son hôpital à Paris, "le virus devient rare heureusement, mais il y a en France, 150, 200 foyers de réinfection qui sont là". Autant de clusters qu'il faut "arriver à les circonscrire pour qu'ils ne prospèrent pas", a-t-il souligné.
En temps de spéculations hasardeuses, l'hypothèse du deuxième vague n'est pas impossible mais "Il faut cesser de disserter sur la deuxième vague : il faut s'y préparer", déclare-t-il. "C'est comme si vous disiez 'Va-t-il y avoir un incendie dans le quartier ?' Peu importe : il faut avoir une caserne de pompiers."
Le vrai problème réside, selon lui, ailleurs, dans "le testing massif de la population", estimant qu'"aujourd'hui on ne teste pas assez" et appelant à "tester plus massivement, plus facilement". Et de rappeler que "l'objectif c'était 700.000 ou 800.000" et qu'"on est à moins de la moitié" : "Les vacances arrivant, il me semble important de maintenir en état notre organisation et faciliter le testing des gens", assure-t-il, suggérant même de "les tester sur leur lieu de vacances". D'autant que, selon lui, "l'affaire n'est pas terminée".
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Pour cet été, le professeur Juvin dispense des mesures de précaution (et de civisme) afin d'éviter que la situation ne dégénère pas : "Durant les vacances, il faut faire attention. Mettez un masque dans l'espace public, sur la plage vous pouvez avoir des distances de sécurité". Des zones d'ombre subsistent selon lui, notamment les retours en avion en pleine crise sanitaire : "Les Français doivent pouvoir trouver refuge sur le territoire national mais, quand ils arrivent, ils devraient faire l'objet d'un tracing particulier" affirme-t-il. "Durant cette crise, l'un des grands maux dont nous avons souffert, ça a été cette absence d'agilité dans la prise de décisions mais aussi dans leur application". Gare à la rechute, donc.
Le chef du service des urgences demande aussi une grande vigilance lors des rassemblements dans les espaces clos, rappelant le cas de Mulhouse ("C'est la terreur : nous avons laissé faire", dit-il). Il réclame aussi qu'on ne rouvre pas les boîtes de nuit ("Le danger est d'autant plus grand que vous êtes dans un espace clos, c'est pour ça que nous craignons l'automne et le temps frais" explique-t-il). D'autant que la menace des super-contaminateurs, comme on a pu le voir dernièrement en Suisse, demeure vivace ("les super-contaminateurs sont capables, dans une seule pièce, de vous infecter un tiers ou la moitié des gens qui sont présents", rappelle-t-il).
Aussi, si l'on prend l'hypothèse du pire scénario et donc qu'une seconde vague submerge littéralement le pays, faudra-t-il à l'avenir reconfiner tout le monde comme en mars dernier ? Le chef du gouvernement Jean Castex, chargé de préparer le déconfinement avant son arrivée à Matignon, a confirmé qu'en cas de deuxième vague, il n'y aurait pas "un éventuel reconfinement comme nous avions fait celui du mois de mars". Philippe Juvin approuve ce non reconfinement généralisé, confirmant que "le confinement total était une mauvaise solution" mais que "c'était la moins mauvaise des solutions", a-t-il estimé, ajoutant que "nous l'avons fait parce que nous savions que si tout le monde était infecté nous n'arriverions pas à soigner tout le monde". Une tactique qui, selon lui, "a permis d'éviter qu'il y ait trop de gens qui arrivent au même moment en réanimation et que l'on soit totalement submergés et pourtant nous l'avons été".
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