Coronavirus : pourquoi craindre une deuxième vague venue d'Amérique du Sud et non de Chine ?

REBOND ÉPIDÉMIQUE - Auditionné par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, le virologue Bruno Lina a estimé que le "danger" d'une deuxième vague en France provient "beaucoup plus" d'Amérique du Sud que de Chine, où de nouveaux cas ont été découverts.
D'ici quelques semaines, la France devra-t-elle faire face à une deuxième vague de l'épidémie de Covid-19 ? Le mystère demeure, mais la possibilité existe. La raison ? Le virus est toujours en circulation. L'hypothèse d'une résurgence de l'épidémie à la fin de l'été n'est donc pas écartée, d'autant que certains pays sont toujours dans une situation inquiétante, alors que les voyages internationaux vont peu à peu reprendre avec l'ouverture des frontières.
La Chine, berceau de l'épidémie, voit d'ailleurs resurgir ces derniers jours de nouveaux cas de coronavirus. Plus de 150 personnes ont été testées positives à Pékin, où une partie de la ville de 21 millions d'habitants est à nouveau confinée. Mais, contrairement à cet hiver, ce n'est pas du côté de l'Asie qu'il faudrait anticiper la provenance de l'éventuelle seconde vague en Europe.
Selon Bruno Lina, virologue et membre du Conseil scientifique chargé de conseiller le gouvernement, le "danger" de voir une deuxième vague frapper l'Europe vient "beaucoup plus" de la flambée des cas en Amérique du Sud que des nouveaux foyers en Chine. "C'est beaucoup plus là que se trouve le danger actuellement", a-t-il déclaré mercredi, devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur la gestion de la crise du coronavirus.
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Près de 35.000 contaminations par jour au Brésil
En effet, outre-Atlantique, la première vague de l'épidémie ne semble toujours pas passée. Jeudi, les États-Unis ont déploré 687 décès supplémentaires (plus de 118.000 au total), alors que le pays a connu un rebond épidémique dans une vingtaine de ses États.
Plus au sud, le Brésil ne semble pas encore avoir atteint le pic épidémique. Mercredi, 32.000 cas supplémentaires ont été détectés, quelques jours après le record de contaminations quotidien (près de 35.000). Au total, le million de contaminations pourrait même être atteint d'ici la fin de la semaine, alors que selon l'AFP, un Brésilien meurt quasiment chaque minute du Covid-19.
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C'est pour cette raison que les scientifiques appellent à la prudence. "Compte tenu de ce qu'il se passe en Amérique du Sud, le risque d'une vraie deuxième vague venant de l'hémisphère sud fin octobre, en novembre ou en décembre, est un risque qui doit être considéré", a affirmé le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy.
En Amérique du Sud, "il n'y a pas de politique sérieuse de santé"
Un avis partagé par Étienne Decroly, directeur de recherche au CNRS. Selon lui, la situation en Amérique du Sud est plus préoccupante que celle en Chine - bien que les chiffres y soient encore remis en cause. "D'abord, il y a plus de cas", explique-t-il à LCI. Mais c'est surtout la façon dont est gérée l'épidémie qui les différencie. "La Chine a mis en place des moyens de contrôle importants, avec 90.000 tests par jour dans une ville de 21 millions d'habitants. Nous pouvons donc espérer que le pays va être en mesure de contrôler" l'épidémie, et qu'elle ne se répandra pas dans le reste du pays et dans le monde.
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En revanche, le manque de contrôle en Amérique du Sud l'inquiète. "Pour contenir l'épidémie, il y a plusieurs règles", estime Étienne Decroly. "D'abord, il faut diminuer le R0", c'est-à-dire le nombre de personnes que contamine un seul malade (s'il est inférieur à 1, l'épidémie s'estompe, sinon elle se répand). "Ensuite, il faut détecter massivement, isoler, prendre des mesures de confinement ou que la population porte des masques FFP2."
"Or, en Amérique du Sud, ces conditions ne sont pas réunies", déplore le directeur de recherche. "Ces pays ne détectent pas massivement et n'isolent pas : il n'y a pas de politique sérieuse de santé." Et de conclure, s'agissant du danger que court l'Europe : "Cela représente donc un risque majeur de rebond et de retour de l'épidémie à l'automne."
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