"60% des contaminations" ont-elles lieu au travail ou en milieu scolaire?

Publié le 15 octobre 2020 à 18h41, mis à jour le 22 octobre 2020 à 17h36
Jean-Luc Mélenchon estime que se focaliser sur les régimes spéciaux est peu constructif.
Jean-Luc Mélenchon estime que se focaliser sur les régimes spéciaux est peu constructif. - Source : Alain JOCARD / AFP

MISE AU POINT - Alors qu'un couvre-feu sera instauré ce samedi à Paris et dans huit autres métropoles, Jean-Luc Mélenchon a jugé cette mesure "absurde", estimant que les contaminations ont majoritairement lieu "au travail ou à l'école ou à l'université entre 8h et 19h". Une information à nuancer.

Le tweet est arrivé quelques minutes après l'annonce d'Emmanuel Macron. Suite au discours du chef de l'Etat ce mercredi 14 octobre, Jean-Luc Mélenchon a critiqué l'instauration d'un couvre-feu dans neuf métropoles françaises. Le responsable de La France insoumisea ainsi affirmé que "60 % des contaminations ont lieu au travail ou à l'école ou à l'université entre 8h et 19h" et qu'il n'était donc pas utile d'interdire "les sorties au bar et au restau entre 20h et 6h". Concluant son argumentaire d'un incisif "Bienvenue en Absurdie". 

Moins de 10% des cas identifiés dans des clusters

Le chiffre du chef de fil de LFI n'est pas, en soi, faux. Il est même tiré de la seule source chiffrée des origines des lieux de contamination en France, à savoir le fameux bilan épidémiologique publié chaque semaine par Santé publique France. Dans le dernier en date, publié le 8 octobre, on lit en effet que, parmi les foyers en cours d'investigation, 35,3% ont été observés dans le "milieu scolaire et universitaire", devenu premier lieu de contaminations identifiées, suivi des "entreprises privées ou publiques" qui représentent 20% des quelque 1000 clusters observés au 5 octobre. Un total de 55,3%, arrondi par Jean-Luc Mélenchon à 60%.

Les données ne sont donc pas fausses. Seulement, elles ne représentent que les clusters "identifiés". Comme le note d'ailleurs l'agence sanitaire, "face à l'augmentation de la circulation virale sur l'ensemble du territoire", ce nombre est "probablement largement sous-estimé". Pour comprendre l'ampleur de cette "sous-estimation", il suffit de prendre le nombre de cas enregistrés par Santé publique France pour son bulletin et ceux qui ont réellement eu lieu sur le territoire. Ainsi, si l'agence prend en compte 3.207 clusters signalés pour 34.767 cas du 9 mai au 5 octobre, la France est passé au même moment de 174.758 malades à 601.971. Soit près de 427.200 nouveaux cas. La part prise en compte par Santé publique France ne représente donc que 8% de l'ensemble des contaminations. 

Raison pour laquelle le ministre de la Santé a, dans la foulée, répondu à l'élu de l'opposition, soulignant que la part prise en compte ne représente que "10 % des contaminations identifiées". Et notant par la même occasion qu'il ne faut pas confondre "clusters et diagnostics". Un "trou" dans les chiffres décrit assez justement comme un "angle mort" par le président de l'Agence régionale d'Île-de-France ce jeudi sur France Inter. Cependant, s'il y a un flou sur les lieux où se contaminent tous les autres Français, Santé publique France note que ses "données des clusters restent pertinentes". Selon l'agence elle-même, elles permettent en effet d'identifier "les collectivités pour lesquelles la proportion de clusters à criticité élevée est la plus importante, contribuant à guider les mesures de gestion".

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Felicia SIDERIS

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