Se faire dépister en 24 heures comme le veut Macron, un objectif réalisable ?

Publié le 25 novembre 2020 à 17h12, mis à jour le 27 novembre 2020 à 9h47

Source : JT 13h WE

DÉPISTAGE – Aucun test ne devra dépasser un délai de 24 dès le début janvier, a promis Emmanuel Macron lors de son allocution du mardi 24 novembre. Pour y parvenir, le gouvernement entend faire pression sur les laboratoires.

Sortir du confinement tout en contrôlant la circulation du virus, voilà l’ambition du gouvernement pour les semaines à venir. Pour ce faire, il compte sur le dépistage, pierre angulaire de sa stratégie "tester, tracer, isoler", mise en place au printemps dernier. Dans cette optique, Emmanuel Macron s’est engagé, lors de son allocution mardi 24 novembre, à ce qu’aucun test ne mette "plus de 24h entre la demande de test et son résultat" dès le début du mois de janvier. Cet objectif est-il réalisable ? Si la question ne se pose pas pour les tests antigéniques, dont le résultat est obtenu en une quinzaine de minutes, qu’en est-il des tests par PCR ? Jusqu’ici, ce dépistage s'est heurté à plusieurs obstacles successifs : celui des stocks, d'abord trop faibles en raison de la forte demande mondiale, et puis celui du temps d'attente, parfois de plusieurs jours, pour se faire tester et connaître les résultats. Un délai de 24h entre la réalisation du test et son résultat est tenable, estime François Blanchecotte, président du syndicat des biologistes, mais pas entre la demande de test et son résultat, l’attente entre la prise de rendez-vous et la prise en charge réelle étant "variable d’un Français à l’autre"

Plus de remboursement des tests au-delà de 48 ou 72h

Pour le Pr Philippe Amouyel, les laboratoires ont aujourd’hui la capacité de tenir ce délai. La preuve, certains le font déjà, avance le médecin, s’appuyant sur les données officielles du dépistage. Entre le 2 et le 8 novembre, près de 2,3 millions de tests par PCR ont été réalisés en France, selon la Drees, le bureau des statistiques du ministère de la Santé, et 42,2% de ces tests ont fourni des résultats en 24h, 36,7% en 48h et 12,6% en 72h. "L’objectif des 24h est atteignable dans la majorité des cas", nuance Lionel Barrand, président du syndicat des jeunes biologistes médicaux. "Dans tout système, il y a des aléas, des cas qui ne peuvent être traités comme le reste. Pour 5 à 10% des patients, il faut refaire l’analyse quand la courbe PCR ne sort pas bien et que l'on n'est pas certain que l'échantillon soit de bonne qualité."  

"La stratégie 'isoler tester tracer' ne marche que quand il n’y a pas trop de cas positifs dans la population", précise le Pr Amouyel, fervent défenseur d’un dépistage massif avant les fêtes de fin d’année, pour qui "cette logistique n’a d’intérêt que lorsque l'épidémie est contrôlée". Reste que ce délai de 24h doit s’appliquer à tous. Or, les laboratoires privés chargés du dépistage de la population ne sont pas dotés des mêmes moyens : certains sous-traitent par exemple l'analyse des résultats, à défaut de posséder le matériel adéquat. La Drees a ainsi observé que 18 départements étaient à la traine début novembre dans la rapidité du dépistage, avec un délai supérieur à un jour et demi entre le prélèvement et la validation. "Il faut faire attention à ne pas diviser la France entre les campagnes et les villes et à ne pas déshabiller les campagnes", prévient à ce titre François Blanchecotte.

Pour harmoniser le rendu des tests à l’échelle nationale, l’Assurance maladie discute depuis lundi 23 novembre avec les syndicats de laboratoires et prévoit ne plus leur rembourser les tests qui prendront trop de temps à publier les résultats, selon nos informations. Un délai de 48h ou 72h est évoqué, sans être encore tranché. Elle souhaite notamment plus de rapidité dans le dépistage des cas contacts afin de faciliter le travail des "brigades sanitaires" et entend faire pression sur les laboratoires. Ce qui "pourrait aller jusqu’à une absence de remboursement lorsque le rendu des résultats sera fait dans un délai long incompatible avec la politique d’isolement des personnes atteintes de la COVID-19", nous indique-t-elle. En vue d'un accord sur le sujet, un nouvel échange est prévu avec les syndicats jeudi 26 novembre.


Caroline QUEVRAIN

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