"Vous êtes prévenus qu'un tsunami arrive" : le Pr Annane appelle à des mesures plus strictes

Publié le 27 janvier 2021 à 15h22

Source : TF1 Info

COVID-19 - Invité de LCI mercredi 27 janvier, le chef du service réanimation de l'hôpital Poincaré à Garches compare la situation sanitaire à "un signal d'incendie" et appelle l'exécutif à prendre des mesures plus strictes.

La pression monte. Face au plateau très haut des contaminations, les hôpitaux de Paris craignent une prochaine hausse "très significative" du nombre de malades. Le chef du service réanimation de l'hôpital Poincaré à Garches, Djillali Annane estime au micro de LCI que "tous les indicateurs sont au rouge". Lundi 26 janvier, plus de 22.000 nouveaux cas de contamination avaient été enregistrés en France, tandis que les hospitalisations suivaient une légère hausse. Le spécialiste n'hésite pas à comparer la situation à  "un signal d'incendie qui prévient avant la survenue de l'incendie." 

À travers ces mots très forts, le professeur Djillali Annane tire la sonnette d'alarme. "On essaie d'alerter sur ce qui se passe, du risque que celle-ci devienne vraiment incontrôlable", explique-t-il. Un message d'inquiétude directement adressé à l'Élysée. Ces derniers jours, l'exécutif semble vouloir attendre avant de mettre le pays sous cloche. Le mot d'ordre d'Emmanuel Macron : tirer le bilan du couvre-feu à 18h instauré le 16 janvier avant de trancher sur un troisième confinement. 

Mais de nombreux médecins ne comprennent pas cette temporisation. Lundi 25 janvier, le maire LR de La Garenne-Colombes et chef de service aux urgences de l'Hôpital Georges Pompidou Philippe Juvin avait appelé à un troisième confinement au plus vite. "Plus on tarde plus ce sera long et difficile", avait-il indiqué. Deux jours plus tard, le professeur Djillali Annane reste sur cette même ligne et utilise une autre métaphore : "Vous êtes prévenus qu'un tsunami arrive sur la plage et vous décidez de laisser les gens sur cette plage au motif qu'il fait encore beau." Selon le chef du service réanimation, le confinement est actuellement "la seule mesure crédible". 

Une casserole de lait sur le feu
Le chef du service réanimation de l'hôpital Poincaré à Garches, Djillali Annane

Et les données épidémiologiques semblent lui donner raison. S'il est en effet trop tôt pour observer le résultat du couvre-feu à 18h, il est possible de s'appuyer sur les données des autres départements placés sous ce régime depuis le début du mois de janvier. "A priori, le couvre-feu n’a pas un effet positif très net, mais pas non plus d’effets nets défavorables", expliquait Guillaume Rozier, fondateur de CovidTracker sur LCI. Il ajoute : "Au mieux, le couvre-feu à 18h a eu un effet modéré. Au pire, il n’a pas vraiment été efficace."

Par ailleurs, l'épidémie connaît un nouvel élan avec la propagation des variants - plus contagieux. En Ile-de-France, ils sont présents chez près de 10% des cas dépistés en Ile-de -France. Un nombre sous-estimé selon le professeur puisqu'il n'existe pas de "séquençage systématique", mais qu'une "étude flash", menée ces mardi et mercredi, devrait préciser. Selon lui, le variant s'est bel et bien installé dans le pays laissant présager une accélération de la circulation du virus dans les prochains jours.  "C'est comme une casserole de lait sur le feu que vous surveillez tous les quarts d'heure. Entre deux quarts d'heure, il est tout à fait possible que le lait déborde", illustre-t-il d'une nouvelle métaphore.

Face à la situation sanitaire critique, les espoirs résident dans la campagne de vaccination lancée fin décembre. Au total, plus d'un million de personnes ont reçu la première injection. L'objectif du gouvernement ? Vacciner toute la population d'ici la fin du mois d'août. Mais un nouvel obstacle semble se profiler puisque les fabricants de sérum anti-Covid semblent avoir du mal à tenir la cadence. 

Déjà à cran après des difficultés d'acheminement du vaccin Pfizer-BioNTech, le premier déployé dans l'UE, Bruxelles est sous pression après l'annonce de retards dans la livraison de celui d'AstraZeneca, en raison d'une "baisse de rendement" sur un site de fabrication européen du laboratoire britannique. Une situation que le professeur Djillali Annane qualifie d' "insupportable." 


La rédaction de TF1info

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