Plus rapide, moins douloureux... Quelles sont les conditions pour se procurer un test salivaire ?

Publié le 30 novembre 2020 à 18h50

Source : JT 20h Semaine

DÉPISTAGE – La Haute autorité de santé a émis un avis positif concernant l’utilisation et le remboursement des tests salivaires EasyCov, dont les résultats sont donnés en 40 minutes, mais à certaines conditions seulement. On fait le point.

C’était attendu depuis de longues semaines, et la Haute autorité de santé (HAS) a enfin livré son verdict. Dans un communiqué publié samedi 28 novembre, l’autorité publique indépendante s’est déclarée "favorable à l’utilisation et au remboursement" des tests salivaires EasyCov. "Une bonne nouvelle", juge auprès de LCI le Pr Reynes, responsable de l’évaluation du test au CHU de Montpellier, "car ils possèdent de nombreux avantages". Parmi eux, celui de bénéficier du résultat en 40 minutes, mais aussi d’éviter la sensation d’un écouvillon dans le nez. Le prélèvement nasal est en effet remplacé par de la salive, placé ensuite dans un réactif.

Mais si la HAS a donné son feu vert, plusieurs obstacles demeurent encore sur la route d’une commercialisation de ces tests salivaires à grande échelle. En premier lieu, les personnes qui ne ressentent pas de symptômes ne sont pas éligibles à ce test. "L’absence de données cliniques robustes sur les performances diagnostiques d’EasyCov chez les personnes asymptomatiques ne permet pas de le recommander, à ce stade", justifie-t-elle.

"La HAS est très précautionneuse vis-à-vis des asymptomatiques", analyse le Pr Reynes. "Des résultats" basés sur des essais réalisés "en Guyane laissaient supposer qu’en situation asymptomatique, les tests étaient moins bons" que ceux réalisés dans le nez, poursuit-il. "Mais pour nous, il n’y a aucun problème" pour que les asymptomatiques utilisent le test salivaire. La Haute autorité de Santé pourrait revoir sa position "en cas d’évolution des connaissances scientifiques", promet-elle.

Deuxième obstacle : selon la HAS, ressentir des symptômes ne suffit pas, puisque le test EasyCov devra être réalisé seulement "si le prélèvement nasopharyngé est impossible ou difficilement réalisable". Une circonstance "très subjective", commente le Pr Reynes. "Il n’y a que très peu de conditions formelles pour contre-indiquer un prélèvement nasopharyngé", pourtant plus "désagréable" qu’un test salivaire.

Cela ouvre toutefois la voie à leur utilisation "chez les personnes âgées en Ehpad", note auprès de LCI Alexandra Prieux, présidente de Skillcell, entreprise à l’origine des tests salivaires EasyCov. "Les personnes en situation de handicap, les jeunes enfants, les personnes enrhumées, certains sportifs qui ont eu le nez cassé ou abîmé ou encore les chanteurs d’opéra, pour qui le prélèvement nasopharyngé peut être problématique", pourront également profiter de ces tests, "mais tout dépend de ce qui sera confirmé par un arrêté ministériel", précise-t-elle.

Bientôt dans les laboratoires de biologie médicale ?

Enfin, il demeure difficile, pour l’heure, de se procurer ces tests. "D’ici quelques jours ou quelques semaines, des structures ou des entités sanitaires" pourraient le proposer, veut croire le Pr Reynes. Et "il n’y a pas de raison que cela ne se fasse pas" dans les laboratoires de biologie médicale, déjà en première ligne pour réaliser les prélèvements nasopharyngés. "Si c’est similaire à ce qui est réalisé pour les tests antigéniques, cela peut être assez large", espère de son côté Alexandra Prieux.

Une commercialisation dans les pharmacies, à l’instar justement des tests antigéniques, pourrait toutefois s’avérer difficile. "Il y a une nécessité d’utiliser une machine qui permet de chauffer le prélèvement à des températures constantes pendant 40 minutes", note le Pr Reynes, ce que les officines n'ont pas. Il imagine toutefois la mise en place de "véhicules" permettant "d’externaliser les tests", à l’image des dépistages mobiles réalisés depuis le début de la pandémie.


Idèr NABILI

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