Faut-il craindre une propagation du virus dans l'air ambiant ?

Samira El Gadir & Thomas Deszpot
Publié le 21 mars 2020 à 20h55

Source : TF1 Info

À LA LOUPE – Dans l'attente d'un traitement contre le Covid-19, l'enjeu est de freiner sa propagation. Faut-il dans ce contexte craindre sa diffusion dans l'air, comme pourrait le laisser penser une étude scientifique ? À l'heure qu'il est, rien ne permet de tirer de telles conclusions.

Pour de nombreux Français, la question de porter ou non un masque constitue un véritable dilemme. Si dans les rangs des médecins, on explique que sans symptômes manifestes, une telle mesure de sécurité est inutile, beaucoup restent dubitatifs. Des internautes s'inquiètent ainsi d'une diffusion du virus dans l'air, qui rendrait toute personne non protégée vulnérable.

"Le virus vit 3 heures à l'air libre", avancent certains, reprenant des chiffres observés çà et là et s'appuyant sur les résultats d'une étude américaine dont les résultats ont été publiés le 17 mars

Nous ne vivons pas en laboratoire

Les travaux des chercheurs ont été partagés dans une revue scientifique renommée. Leurs conclusions sont assez claires : "Nos résultats indiquent que la transmission du SARS-CoV-2 (nom du nouveau coronavirus, ndlr) par aérosol (...) est plausible". Un constat qui doit néanmoins être analysé avec précaution.

En effet, les conditions dans lesquels sont effectuées les expérimentations ne sont pas identiques à celles dans lesquelles nous vivons au quotidien. Comme a pu le rappeler l'AFP, "la transmission par voie respiratoire se fait dans les gouttelettes de salive expulsées par le malade, par exemple quand il tousse". Or, dans le cadre expérimental qui a été retenu, un vaporisateur va diffuser des gouttelettes très fines, bien plus volatiles que ne le seraient des postillons projetés par un humain.

Interrogé par LCI, le virologue à l'Institut Pasteur Vincent Enouf appelle à la prudence. Pour lui, il serait prématuré d'affirmer que des patients pourraient être contaminés par l'air ambiant. "Les conditions de l’étude ne sont pas transposables à la vie réelle", indique-t-il, notamment parce que nous ne vivons pas dans des laboratoires fermés en suivant des protocoles expérimentaux. 

En extérieur, les postillons vont ainsi retomber beaucoup plus rapidement au sol : "En quelques secondes", note Vincent Enouf, sans laisser de traces dans l'air. Le principal risque, aux yeux des experts, est surtout d'entrer en contact avec une surface infectée, puis de porter ses mains au visage. D'où les recommandations de se laver très régulièrement les mains et avec une grande application.

Analyser avec réserve les résultats

Les travaux des scientifiques américains, qui ont par ailleurs observé que le Covid-19 pouvait survivre deux à trois jours sur des surfaces en plastique ou en acier inoxydable, doivent être analysés avec les précautions qui s'imposent. S'ils n'excluent pas la possibilité que le virus puisse parcourir une certaine distance dans l'air, ils ne concluent pas formellement à une propagation par les voies aériennes. 

Au quotidien, inutile donc pour un citoyen moyen de modifier radicalement son comportement lorsqu'il doit évoluer à l'extérieur de chez lui. Les professionnels de santé, eux, sont en revanche beaucoup plus exposés. La prudence est de mise pour, notamment pour les dentistes qui peuvent être amenés à pulvériser de l'eau dans la boucher de leurs patients. Des représentants de la profession ont ainsi incité leurs collègues à limiter au maximum le recours au fraisage.

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