Alpes-Maritimes confinées, Île-de-France épargnée : comment expliquer cette différence de traitement ?

FS
Publié le 11 mars 2021 à 16h00, mis à jour le 11 mars 2021 à 16h30

Source : JT 13h Semaine

PARIS-NICE - Alors qu'une partie des Alpes-Maritimes va être confinée pour un troisième weekend consécutif, l'Île-de-France échappe à la mesure, malgré des courbes épidémiques comparables dans certains de ses départements. Qu'est-ce qui justifie cette différence de traitement ?

Gabriel Attal l'a confirmé mercredi lors de point presse de sortie du Conseil des ministres, ce samedi 13 et ce dimanche 14 mars, les communes du littoral des Alpes-Maritimes connaîtront leur troisième weekend de confinement. Si le porte-parole du gouvernement a aussi pointé la saturation hospitalière du Pas-de-Calais et de l'Île-de-France, cette dernière échappe toujours (pour le moment) à un durcissement des mesures.

Les courbes dans les Alpes-Maritimes toujours au plus haut

Qu'il s'agisse du taux d'incidence ou des admissions en réanimation, les Alpes-Maritimes restent toujours en tête des départements les plus préoccupants. Ainsi, Gabriel Attal pointait mercredi un taux d'incidence de 473 cas pour 100.000 habitants, soit plus du double de la moyenne nationale française. Les chiffres ont cependant tendance à s'y infléchir, tandis que ceux des départements de l'Île-de-France augmentent, la Seine-Saint-Denis en tête. Le confinement hebdomadaire ne démontre pas encore toute son efficacité, mais cet effet-retard reste cohérent avec la période d'incubation du virus.  Une "clause de revoyure" est d'ailleurs prévue la semaine prochaine, pour envisager un allégement des restrictions en fonction des résultats observés.

Des capacités hospitalières très proches de la saturation

Le taux d'occupation des lits en réanimation frôle les 90% dans les Alpes-Maritimes, rendant nécessaires des transferts de patients vers d'autres départements. Si l'Île-de-France a un taux analogue, sa capacité d'adaptation est plus grande, grâce à un réseau hospitalier beaucoup plus étendu, et de grandes disparités épidémiques entre ses différents départements. Alors que le seuil symbolique des 1.000 lits de réanimation occupés vient d'y être franchi, la jauge va être portée à 1.577 dès la semaine prochaine, en grande partie grâce à des déprogrammations. 40% des opérations prévues dans les hôpitaux et les cliniques d'Île-de-France devraient ainsi être repoussées pour faire face à la poussée épidémique.

Démographie et acceptabilité

Si le ressentiment gronde contre l'exception francilienne, du côté de la promenade des Anglais, il reste difficile d'envisager un traitement complètement équivalent, en dépit de chiffres qui semblent se rapprocher. L'Île-de-France est une région peuplée de plus de 12 millions d'habitants, tandis que les Alpes-Maritimes sont un département qui en compte un peu plus d'un million - d'ailleurs pas tous concernés par le confinement hebdomadaire.  

Paris à tout prix

Quant à l'hypothèse de différencier les départements les plus critiques de la région-capitale, comme la Seine-Saint-Denis ou le Val-de-Marne,  elle est pour l'heure écartée. Les Franciliens sont en effet en déplacement constant d'un département  à l'autre, passant du lieu où ils résident à celui où ils travaillent ou étudient. Ainsi, plus de 60% des personnes travaillant à Paris n'y habitent pas. Suspendre cette "migration pendulaire" reviendrait à paralyser de fait l'ensemble de la région, la crainte majeure du gouvernement étant de freiner ainsi toute l'économie du pays.

Enfin, l'impact social d'une telle mesure sur les travailleurs les plus fragiles serait considérable, sans parler d'une acceptabilité qui toucherait à ses limites, les Franciliens vivant dans des surfaces nettement plus réduites qu'en province. Un Parisien, par exemple, habite en moyenne dans une surface de 31 mètres carrés.

Le porte-parole du gouvernement avait aussi récemment mis en avant la nécessité d'un "consensus politique" pour décider des mesures de restriction. Or la maire de Paris, Anne Hidalgo, juge désormais "difficile, voire inhumaine" l'idée d'un confinement le week-end, tandis que Valérie Pécresse, à la tête de la région Île-de-France, refuse quant à elle de l'exclure si elle devait s'avérer nécessaire.


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