Retarder l'administration de la deuxième dose du vaccin Pfizer améliore l'immunité, selon une étude anglaise

Publié le 14 mai 2021 à 11h49

Source : JT 20h WE

DÉCOUVERTE - Une étude menée par l'Université de Birmingham en collaboration avec Public Health England révèle que les anticorps contre le Covid-19 sont trois fois et demi plus élevés chez les personnes ayant reçu leur deuxième injection vaccinale après douze semaines, plutôt que trois.

Des données qui donnent raison à la stratégie vaccinale du gouvernement britannique ? Public Health England et l'Université de Birmingham ont démarré conjointement une étude pour établir l'efficacité de la vaccination contre le Covid-19 lorsque première et seconde doses du vaccin Pfizer/BioNtech sont injectées avec trois mois d'intervalle. Les résultats, relayés par le Guardian, sont édifiants et révèlent que le volume d'anticorps développé par l'organisme est bien plus important lorsque les deux injections sont espacées dans le temps. 

Ainsi, les individus ayant reçu leur seconde dose douze semaines après la première auraient trois fois et demi plus d'anticorps que ceux l'ayant reçu après seulement trois semaines. Selon les chercheurs, la plupart des personnes pleinement vaccinées seront bien protégées quel que soit le moment choisi pour le rappel mais la réponse immunitaire serait d'autant plus forte que le délai est élargi. 

Les scientifiques ont analysé des échantillons sanguins de 175 personnes âgées de plus de 80 ans après leur premier vaccin et de nouveau deux à trois semaines après le rappel. Parmi les participants, 99 ont eu la seconde dose après trois semaines, tandis que 73 ont attendu 12 semaines. Tous avaient alors des anticorps contre la protéine de pointe du virus, mais le taux était 3,5 fois plus élevé dans le groupe de 12 semaines.

La stratégie anglaise de vaccination validée ?

"Nous avons montré que les pics de réponse en anticorps après la deuxième vaccination Pfizer sont vraiment fortement augmentés chez les personnes âgées lorsque cela est retardé de 11 à 12 semaines. Il existe une différence marquée entre ces deux schémas en termes de réponses anticorps que nous voyons", déclare Helen Parry, l'une des auteurs principaux de l'étude. Ces propos semblent donc valider la stratégie du gouvernement anglais qui avait décidé, au début de la campagne de vaccination, de retarder l'administration du rappel pour que davantage de personnes âgées et vulnérables puissent recevoir plus rapidement leur premier vaccin. En France, faute de stock, les autorités sanitaires avaient aussi préconisé d'élargir à six semaines le délai entre les deux doses de vaccin Pfizer/BioNtech.

Ces résultats soutiennent "le nombre croissant de preuves selon lesquelles l'approche adoptée au Royaume-Uni pour retarder cette deuxième dose a vraiment porté ses fruits", confirme d'ailleurs le Dr Gayatri Amirthalingam, épidémiologiste consultant à Public Health England. Un bémol toutefois puisque ces recherches portent sur les individus ayant bénéficié du vaccin Pfizer. Or, au Royaume-Uni, c'est aussi (et surtout) le vaccin d'AstraZeneca qui a massivement été utilisé.   

Enfin, pour ce qui est des "cellules T", chargées de l'élimination des cellules infectées, la quantité semble, dans un premier temps plus faible, pour les personnes bénéficiant d'un rappel retardé du vaccin Pfizer. Toutefois, elles se stabilisent ensuite à des niveaux similaires à ceux des autres individus. 

Des recherches complémentaires sont désormais lancées pour déterminer le délai d'efficacité optimale entre les deux doses.


Maxence GEVIN

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