Pour éviter le "tri" des patients, l'exécutif mise encore sur les évacuations sanitaires

CQ
Publié le 29 mars 2021 à 19h39
DAMIEN MEYER / AFP
DAMIEN MEYER / AFP - Source : DAMIEN MEYER / AFP

HÔPITAUX - Le gouvernement table aujourd'hui sur les évacuations sanitaires pour éviter aux hôpitaux le fameux "tri" des patients. Mais celles-ci peinent à s'organiser : 46 malades en réanimation en ont bénéficié depuis le 13 mars.

Reconfiner ou pas le pays, telle est la question. L'exécutif ne tranche pas encore et attend de voir quels effets ont eu les nouvelles mesures décrétées dans 16 départements le 18 mars dernier. Pourtant, les contaminations sont au plus haut depuis des mois, avec plus de 36.000 nouveaux cas détectés en moyenne chaque jour, et les hôpitaux sont saturés dans les départements les plus touchés et au bord de la saturation dans les autres. 

Le pic de la 2e vague franchie en réanimation

Ce lundi 29 mars, le pic de la 2e vague en réanimation (4903 malades) a été franchie avec 4974 patients admis pour une forme grave du Covid, selon Santé Publique France (SPF). À ce jour, les services de réanimation franciliens sont occupés à 127,7% par des malades du Covid, un nombre en augmentation constante depuis quelques semaines. 

Le taux d'occupation national est quant à lui évalué à 96,3%, ne laissant quasiment aucune marge de manœuvre. Dans ce contexte, l'exécutif réaffirme toutefois sa stratégie, mise en œuvre depuis quelques semaines : il faut éviter que les services hospitaliers ne soient condamnés à "trier" leurs patients en mobilisant les cliniques privées, en déprogrammant des interventions chirurgicales et continuant à évacuer des malades d'une région saturée à une région moins impactée, selon nos informations. La poursuite de ce dernier dispositif, qui ne mobilise pas assez de patients, interroge.

En effet, contrairement aux deux vagues épidémiques précédentes, les évacuations sanitaires ne parviennent pas à s'organiser. Un chiffre, communiqué par la Direction générale de la Santé (DGS) à LCI, illustre bien cette tendance. Du 13 au 27 mars, 46 patients en réanimation ont été déplacés en France d'un hôpital à l'autre. Depuis l'Île-de-France, 16 malades ont été transférés en tout et pour tout. Ce bilan contraste avec les objectifs de départ. Une centaine de transferts devaient avoir lieu depuis la région parisienne vers l'ouest du pays, où les hôpitaux ont encore un peu de place, dès les débuts de l'opération "chardons" à la mi-mars. Beaucoup de ces évacuations devaient d'ailleurs s'organiser par train médicalisé, pouvant accueillir plus d'un patient à la fois contrairement aux ambulances ou aux hélicoptères. Mais ces transferts en TGV n'ont pas eu lieu, faute de candidat. "Sur les cinq patients que nous pouvions transférer, nous n'avons eu qu'un seul accord", a illustré auprès de l'AFP le Pr Yves Cohen, chef du service de réanimation de l'hôpital Avicenne, à Bobigny. 

Trop peu de patients sont, cette fois, éligibles à un transfert à cause de leur état pas assez stabilisé et les familles, pouvant visiter leur proche hospitalisé, sont aujourd'hui souvent opposées à cette idée. La DGS, qui pilote ces évacuations en lien avec le Samu et les Agences régionales de santé (ARS), le reconnait bien volontiers : il s'agit ici d'"opérations humainement et logistiquement lourdes". 

Lors de la première vague et deuxième vague, 658 patients avaient fait l'objet d'une évacuation sanitaire tandis que pendant la deuxième vague, 172 malades avaient été transférés d'une région à une autre.


CQ

Tout
TF1 Info