Covid-19 : à quoi la situation sanitaire pourrait-elle ressembler cet été ?

Publié le 12 juin 2021 à 10h30
JEFF PACHOUD / AFP
JEFF PACHOUD / AFP - Source : JEFF PACHOUD / AFP

COVID-19 - L’épidémie poursuit sa décrue partout en France. À quoi peut-on s’attendre pour les prochaines semaines, alors que le déconfinement est largement entamé ? L’été doit-il forcément rimer avec prudence ? On fait le point.

Après des mois de contraintes, la troisième vague de l’épidémie semble loin derrière nous et la période estivale s’annonce sans nuages. Preuve en est le passage vendredi sous le seuil des 5000 cas quotidiens de Covid-19 (en moyenne sur une semaine), soit le seuil qu'avait fixé par le gouvernement à l’automne. 

Les hôpitaux se voient soulagés pour la première fois depuis des mois, alors que la pression n’est jamais retombée entre la deuxième et la troisième vague. À ce jour, 2163 malades graves occupent les services de réanimation, un chiffre en baisse quasi-continuelle depuis le 26 avril, quand 6001 patients étaient en soins critiques. Avec 69 décès recensés dans les hôpitaux ces dernières 24 heures par ailleurs, la mortalité s'affiche elle aussi à la baisse. Un effet probable de la vaccination des personnes les plus âgées et vulnérables. 

Maintenir la vigilance en intérieur

Alors, peut-on se réjouir ou est-il encore trop tôt ? Pour cet été, peut-on préférer l’optimisme à la prudence ? Le fait est que malgré un an et demi d’épidémie, il est toujours difficile de faire des projections à long terme. Beaucoup d’experts et de médecins s’y sont risqué et ont eu tort. C’est pour cette raison que l’épidémiologiste Antoine Flahault, directeur de l’Institut de santé globale de Genève, "se refuse à prévoir au-delà de sept jours, de la même manière que la météo". Avant de revenir sur les éléments à sa disposition pour les prochains jours : "Ce que l’on peut prévoir, c’est que l’on va arriver la semaine prochaine à 2500 cas quotidiens en France. Aujourd’hui, la tendance est très favorable à la décrue".

La remontée des températures et l’augmentation des réunions en plein air laissent en effet peu de place à la circulation du virus. "La maladie se transmet par aérosols et essentiellement dans des lieux fermés donc nous allons moins nous contaminer", confirme Pierrick Tranouez, spécialiste en modélisation et ingénieur de recherche. D’où l’importance, selon lui, de maintenir la vigilance en intérieur tout en relâchant la pression en extérieur. 

Au moment où les salles de restaurant ont repris du service mercredi 9 juin et que les jauges ont été augmentées dans les lieux culturels, il convient d’être prudent, anticipe l’Institut Pasteur. "La levée de certaines restrictions le 9 juin pourrait faire évoluer ces tendances rapidement", prévient-il dans ses dernières modélisations du 7 juin, qui prévoient une baisse de l’ensemble des indicateurs dans les hôpitaux pour les deux prochaines semaines. Pour Antoine Flahault, cette nouvelle étape franchie du déconfinement "ne met probablement pas la situation en danger dans un cadre de circulation si faible du virus en Europe". 

En revanche, la réponse des autorités au déconfinement sera cruciale dans les prochaines semaines, estime l’épidémiologiste. Et notamment dans le criblage des variants du virus. "Quand on aura totalement déconfiné, la France sera capable de séquencer tous les cas positifs. Est-ce qu’elle va le faire ? Va-t-elle s’engager à démanteler toutes les chaines de contamination ? Ce qui n’était pas possible avec 10.000 cas par jour l’est aujourd’hui."

"Tout l'enjeu est de sécuriser les frontières"

Aux côtés de la vaccination, le séquençage des contaminations parait être une part importante de la réponse. En effet, la diffusion en Europe de variants plus féroces et plus transmissibles inquiète les autorités. C’est le cas du variant Delta, autrefois dit variant indien, qui semble plus résistant à la vaccination. 

Pour en apprendre davantage sur cette souche, les experts de santé publique se fondent sur la situation actuelle au Royaume-Uni. Et elle n’est pas bonne dans le pays, où le nombre de cas quotidiens a désormais dépassé celui de la France, malgré 60% de primo-vaccinés. "La protection vaccinale existe toujours, mais elle est un peu affaiblie. Et en même temps, le variant est plus contagieux, puisque le nombre de cas remonte depuis le 20 mai", analyse Pierrick Tranouez. Il prévient : "Si la France est moins vaccinée, face à ce variant ou un autre, le nombre de cas va remonter rapidement".

Sur le même ton, Santé Publique France (SPF) est revenu dans son dernier bulletin hebdomadaire sur les quelques foyers épidémiques liés au variant Delta recensés sur le territoire : "L’apparition de clusters avec transmission autochtone de ce variant indique qu’une telle transmission a commencé en France ce qui doit conduire à la plus grande vigilance, compte-tenu de son lien avec un possible échappement vaccinal et des données en faveur d’une augmentation de sa transmissibilité par rapport aux variants de référence et au variant 20I/501Y.V1 (Alpha)". Une vigilance qui devra passer par la maitrise des voyages, alors que ceux-ci ont repris en Europe le 9 juin avec l’instauration du pass sanitaire. "Tout l’enjeu est de sécuriser les frontières de l’espace Schengen et de ne pas laisser entrer les variants", avance Antoine Flahault, qui pointe lui aussi la situation britannique, mais aussi portugaise, où les contaminations repartent à la hausse depuis plusieurs semaines. 

Depuis la fin mai, l’ensemble des voyageurs en provenance du Royaume-Uni sont soumis à un "isolement obligatoire" de sept jours à leur arrivée en France. Au même moment, le Conseil scientifique évaluait dans une note consacrée au le variant Delta le nombre d'arrivées quotidiennes à "10.000 personnes en provenance du Royaume-Uni". Il prévoyait que ce flux allait "probablement augmenter dans les jours ou semaines qui viennent". 


Caroline QUEVRAIN

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