Covid-19 : des médecins dénoncent un déconfinement basé sur des critères "politiques" et non "sanitaires"

Publié le 8 mai 2021 à 22h58
Covid-19 : des médecins dénoncent un déconfinement basé sur des critères "politiques" et non "sanitaires"
Source : ALAIN JOCARD / AFP

CRISE SANITAIRE - Dans une tribune publiée par le "Journal du Dimanche", 23 médecins et chercheurs dénoncent les critères du déconfinement, et regrettent que celui-ci soit "davantage guidé par des desseins politiques que par un objectif sanitaire".

Le déconfinement ne fait pas que des heureux. Alors que les indicateurs sont en baisse tout en restant à un niveau encore élevé en France, plusieurs médecins et chercheurs s'insurgent contre les critères du déconfinement. Dans une tribune publiée dans les colonnes du Journal du Dimanche daté du 9 mai, ils regrettent que "le troisième déconfinement semble davantage guidé par des desseins politiques que par un objectif sanitaire". "Notre pays reste sourd à l'alerte donnée par l'OMS, qui vient de mettre en garde l'Europe contre un assouplissement des restrictions", écrivent encore les signataires.

Selon eux, les critères du déconfinement paraissent trop laxistes compte tenu de la situation. "Plutôt que de formuler un objectif à atteindre, comme le seuil des 5000 nouveaux cas par jour, les annonces présidentielles officialisent un 'frein d'urgence' ou 'de reconfinement' fixé à 400 nouveaux cas pour 100.000 habitants, contre 250 auparavant, et associé à des critères aussi flous que l''augmentation brutale du taux d'incidence' ou la 'menace de saturation des services'", indiquent les professionnels de santé, parmi lesquels le Dr Jérôme Marty ou le Pr Mahmoud Zureik.

"La France expose son système de santé à une situation durablement tendue"

D'autant que plusieurs recommandations venues de différents organismes incitent à la prudence. "D'après l'Institut Pasteur, seul un scénario optimiste permettrait d'éviter un rebond épidémique durant l'été", soulignent les médecins et chercheurs, alors que ce scénario ne prenait en compte "ni la réouverture des écoles, ni la disparition de la limite des 10 kilomètres, ni l'émergence des variants sud-africain, brésilien ou indien." En outre, les signataires rappellent que le Conseil scientifique, chargé de conseiller le gouvernement, qualifiait de "préoccupante" la situation sanitaire le 21 avril dernier.

"Les exemples du Royaume-Uni, du Portugal et d'Israël démontrent pourtant que la lutte contre le Covid-19 passe par une méthode 'hybride', qui allie la vaccination comme moyen de prévention à l'emploi de dispositifs de protection et de contrôle", poursuivent les signataires de la tribune. "Faute de l'avoir compris, la France expose son système de santé à une situation durablement tendue, au prix de nombreux décès directs et indirects, sans compter les personnes souffrant de 'Covid long', dont la prise en charge pourrait représenter un défi majeur de santé publique au cours des années à venir."

Appel à "la mise en place d'un nouveau protocole national"

Dès lors, les médecins et chercheurs appellent à "la mise en place d'un nouveau protocole national, qui fixe des seuils précis, déclenchant des mesures automatiques, décidées et débattues à l'avance, afin de pouvoir garantir le tester-tracer-isoler et un fonctionnement efficace du système de soins." Ce protocole s'accompagnerait d'"un isolement effectif des malades, tout comme la quarantaine imposée aux frontières".

Enfin, les professionnels de santé mettent en avant les recommandations du Haut conseil de la santé publique, "en particulier au sujet des écoles : 'Les fenêtres doivent rester ouvertes pendant les cours ou enseignements' et 'l'idéal est d'ouvrir deux fenêtres, si possible, pour favoriser la circulation de l'air'". Ils appellent aussi à "ne plus être dans le déni ni dans la pensée magique, ni invisibiliser la maladie et ses conséquences". "Seule une attitude proactive alliant vaccination et protocole gradué permettra de vaincre le Covid-19", concluent-ils.


Idèr NABILI

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