Des personnes sont-elles génétiquement immunisées contre le Covid-19 ?

ML
Publié le 29 octobre 2021 à 16h35, mis à jour le 29 octobre 2021 à 16h52

Source : JT 20h Semaine

RECHERCHE - Une équipe internationale de spécialistes lance un appel pour recruter des individus qui auraient été naturellement résistants face au virus, même en y étant très exposés. Ils espèrent ainsi pouvoir produire un traitement efficace grâce à ces découvertes.

Si les vaccins permettent de se prémunir contre les formes graves du virus, certains d’entre nous auraient déjà des ressources pour lutter contre la maladie, grâce à leur patrimoine génétique. C’est la piste avancée par un consortium de médecins spécialisés dans les maladies infectieuses, l’immunologie et la génétique. Ces experts internationaux venus du monde entier - de France notamment mais aussi des États-Unis, du Brésil, des Pays-Bas et de la Grèce - ont lancé le 18 octobre un appel dans la revue scientifique britannique Nature Immunology pour identifier les quelques élus résistants à l’infection. 

Dans cette publication intitulée "Une initiative mondiale pour disséquer la base génétique humaine de la résistance à l'infection par le SARS-CoV-2", les spécialistes souhaitent recruter des volontaires qui n’ont eu aucun symptôme du Covid-19 bien qu’ils y aient été beaucoup exposés, convaincus qu’étudier pourquoi ces personnes seraient immunisées permettrait de trouver un traitement contre la maladie. 

"Prédisposition génétique"

"Dans certaines familles, tous les membres ont été touchés à l'exception d'une personne", constatent-ils. "Ce qui suggère que certaines personnes très exposées peuvent être résistantes à l'infection par ce virus." Le cas de conjoints n’ayant pas été malades alors que leur partenaire était contaminé intéressent particulièrement l’équipe de chercheurs, indique la revue Nature

"La variabilité clinique de la réponse à l'infection" pourrait en particulier s’expliquer par le patrimoine génétique des individus concernés, estiment les auteurs, qui souhaitent ainsi comparer le génome des personnes potentiellement résistantes à celui de patients infectés. 

Une hypothèse se dessine notamment pour expliquer ces différences, même si elle n’est pas encore confirmée : certaines personnes n’auraient pas de récepteur ACE2 fonctionnel suite à une mutation rare, un récepteur que le SRAS-CoV-2 utilise pour pénétrer dans les cellules, explique Nature. Un mécanisme également observé dans le cas du VIH, impliquant d’autres récepteurs, et dont l’étude a permis de produire des médicaments contre le virus. 

Le 13 octobre dernier, un article de la revue scientifique britannique The Lancet relevait déjà que "la prédisposition génétique de l'hôte face au Covid-19 est maintenant de plus en plus reconnue" et que des études avaient déjà été réalisées à ce sujet.

Déjà 1100 candidats potentiels à l'étude

Pour l’heure, il est possible de s’inscrire sur le site Covid Human Genetic Effort si l’on se sent concerné et qu’on l’on souhaite prendre part au projet. Mais les auteurs de l’étude souhaitent qu’un processus systématisé soit mis en place pour faciliter cette observation. "La question est de savoir comment trouver ces personnes", estime Sunil Ahuja, spécialiste des maladies infectieuses à l'University of Texas Health Science Center de San Antonio auprès de Nature. "C'est un véritable défi", a-t-il ajouté. "Ce n'est pas pour les âmes sensibles."

La revue précise que l’équipe a pourtant déjà été en contact avec environ 1100 candidats potentiels, et a commencé à se pencher sur son étude. À un bémol près : il reste difficile pour les spécialistes de prouver que les volontaires étaient réellement très exposés au virus. 


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