"Au niveau des effets indésirables, il y a un vrai problème dans le vaccin Pfizer", estime le Pr Caumes

Publié le 10 décembre 2020 à 9h18, mis à jour le 10 décembre 2020 à 15h24

Source : TF1 Info

RÉTICENCE - Invité de David Pujadas sur LCI, le Pr Éric Caumes met en garde contre les nombreux effets secondaires du vaccin développé par Pfizer/BioNTech, et appelle la population à ne pas se précipiter sur les premiers vaccins.

La course au vaccin contre le Covid-19 a démarré, et celui développé par l'alliance Pfizer/BioNTech a pris la tête. Autorisé depuis mercredi au Canada, injecté depuis lundi au Royaume-Uni, il suscite toutefois l'inquiétude de certains médecins, en dépit de ses 95% d'efficacité annoncés. Lundi 7 décembre, sur LCI, le Pr Éric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), avait regretté "ne toujours pas avoir à la disposition des scientifiques d'études d'efficacité et de tolérance correctes" autour de ce vaccin. Il avait dès lors indiqué qu'il ne se ferait pas vacciner avec un produit dont il n'a "toujours pas lu ce dont il ressort dans des revues scientifiques".

Depuis, l'Agence américaine du médicament a rendu publics les résultats des essais cliniques du vaccin, sans faire changer d'avis le Pr Caumes, qui relève surtout la présence importante d'effets secondaires. "Au niveau des effets indésirables, il y a un vrai problème dans le vaccin Pfizer", met-il en garde sur LCI (voir vidéo en tête de cet article). "La fréquence d'effets indésirables y est particulièrement élevée. Il y a plus d'effets indésirables chez les jeunes que chez les personnes âgées, et plus après la deuxième dose qu'après la première."

Parmi ces effets, le Pr Caumes note "des réactions minimes dues à l'injection, comme des rougeurs et douleurs locales", détaille-t-il dans les colonnes du Parisien, mais aussi de la fièvre. "15,8% des 18-55 ans ont eu 38°C ou plus dans les sept jours qui ont suivi la seconde injection", explique-t-il. "Et 45% ont dû prendre un médicament contre la fièvre ou la douleur. On parle aussi de 55% de maux de tête, 62% de fatigue. C'est beaucoup trop."

Il n'y a que le vaccin qui nous sortira d'affaire
Pr Éric Caumes

Ce vaccin à ARN messager, que le Pr Caumes qualifie de possible "révolution thérapeutique" en cas de succès, suscite encore de nombreuses inquiétudes. "Il faut s'entourer de toutes les précautions", poursuit le spécialiste des maladies infectieuses sur LCI. "Les Anglais ont commencé à vacciner depuis 24 heures et ont déjà lancé une alerte", invitant à "ne plus le donner chez les allergiques."

Malgré ses réticences, le Pr Caumes n'est "pas du tout anti-vaccin". "Je ne l'ai jamais été", déclare-t-il au micro de David Pujadas, "je suis même convaincu qu'il n'y a que le vaccin qui nous sortira d'affaire." Alors si l'Agence européenne du médicament valide le vaccin Pfizer d'ici la fin du mois de décembre, sera-t-il à nouveau convaincu ? "Cela dépend du rapport bénéfice/risque", répond-il. "Pour les personnes très âgées, pour qui le Covid-19 est un risque vraiment important de mortalité, je ne me poserai pas de questions : il faut les vacciner en priorité." En revanche, "chez les jeunes, c'est complètement différent, d'autant qu'ils ont, apparemment, plus d'effets indésirables", assure-t-il.

En outre, Éric Caumes appelle la population française à la patience. "D'autres vaccins arrivent. Se précipiter sur ces deux vaccins" Pfizer/BioNTech et Moderna, les deux plus avancés, relève de "l'excès de précipitation", juge celui qui nourrit notamment des espoirs après les résultats publiés dans The Lancet sur le vaccin développé par AstraZeneca. Même s'il est un peu moins efficace (70%), "s'il était disponible, je me ferais vacciner demain", indique le Pr Caumes. "Et si on m'invite à l'ambassade de Chine, je me vaccine avec le vaccin chinois."


Idèr NABILI

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