En quoi consiste Covisan, le dispositif prôné par certains épidémiologistes pour contrer une troisième vague ?

Publié le 24 novembre 2020 à 13h36
En quoi consiste Covisan, le dispositif prôné par certains épidémiologistes pour contrer une troisième vague ?
Source : JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

CRISE SANITAIRE - Afin de réussir le déconfinement, le chef du service de parasitologie à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, le Pr Renaud Piarroux, souhaite élargir à la France entière le dispositif Covisan, déjà en vigueur à Paris. En quoi consiste-t-il ?

Comment sortir du confinement sans faire repartir l’épidémie, à l’aube des fêtes de fin d’année ? C’est l’équation complexe que tente de résoudre le gouvernement, six mois après un déconfinement qui suscite encore aujourd’hui de nombreuses critiques. Parmi les solutions, celle d’isoler par la pédagogie les personnes testées positives. Le Pr Renaud Piarroux, chef du service de parasitologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), propose, en ce sens, d’étendre le dispositif Covisan "partout en France", indique-t-il dans une interview accordée au Journal du dimanche.

Ce dispositif, lancé par l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) en avril dernier, avant le premier déconfinement, a pour objectif "de casser les chaînes de transmission en identifiant, en accompagnant et en proposant une démarche de prévention au plus grand nombre de personnes potentiellement contaminantes et à leurs contacts", détaillait alors l’AP-HP dans un communiqué. Il est essentiellement appliqué à Paris et en petite couronne. "On a pu aider 40.000 personnes suivies par Covisan en leur expliquant clairement les nécessités de l’isolement et en leur apportant des conseils", se réjouit le Pr Piarroux, instigateur du projet. "C’est peu, mais cela a contribué à aplanir la courbe épidémique, qui a progressé moins vite" au cours de cette deuxième vague.

Un accompagnement personnalisé pour éviter une troisième vague

Concrètement, élargir ce dispositif à toute la France permettrait "de faire des tests, du contact tracing et de l’accompagnement personnalisé", poursuit le professeur dans les colonnes du JDD. "La clé, c’est d’expliquer aux patients et à leurs contacts l’intérêt de prendre des précautions tout de suite afin d’éviter de contaminer leur famille, leurs amis, leurs collègues."

En mai dernier, l’AP-HP annonçait que 800 personnes avaient été formées afin de constituer les équipes mobiles Covisan, chargées d’aller sur le terrain, "au domicile des personnes suspectées ou positives au Covid-19". Il leur est alors proposé "des mesures permettant de mieux se protéger : dépistage, accompagnement, conseils, équipements tels que masques et solution hydro-alcoolique et hébergement hors du domicile si l’isolement est difficile".

Afin que ce genre de pratique parcoure tout le pays, le Pr Piarroux propose de "former des chefs de centres qui fonctionneraient comme des 'franchises' adaptées aux territoires", avec la mise à disposition de locaux et la formation de personnel. Le tout avec un objectif : éviter une nouvelle hausse des cas et un troisième confinement. "Si des moyens suffisants sont mis en place, peut-être oscillera-t-on enfin autour d’un nombre de cas gérable sans connaître de troisième vague", espère-t-il.


Idèr NABILI

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