Covid-19 : ces exemples qui prouvent que le confinement le week-end peut être efficace

Publié le 3 mars 2021 à 16h38

Source : 24H PUJADAS, L'info en questions

RETOUR D'EXPÉRIENCE - Pour tenter de juguler la reprise épidémique, les Alpes-Maritimes et le Nord expérimentent depuis peu le confinement le week-end. Une mesure déjà appliquée en Guyane. Qu'en retenir ?

Les quais de Seine à Paris, ou les rues des centre-villes du Pas-de-Calais seront-ils aussi déserts samedi et dimanche prochains que celles de Dunkerque ou la promenade des Anglais à Nice ce week-end ? C'est probable alors que l'extension du confinement réservé à la fin de semaine est actuellement à l'étude dans une vingtaine de départements, où la circulation du virus reste préoccupante.

Si les restrictions et impératifs qui en découlent se rapprochent de ceux des deux précédents confinements, et notamment celui du printemps dernier, ce scénario hybride n'en reste pas moins une première en France métropolitaine. Comment, dès lors, juger de son efficacité face au scepticisme de certains ? Rares sont les exemples à travers le monde où une telle mesure a été appliquée, mais l'un d'eux est français. Et plutôt probant.

La Guyane

Avant le Nord et les Alpes-Maritimes, c'est une partie de la Guyane qui s'est retrouvée confinée fin janvier à partir de 19h le samedi soir, et à partir du dimanche à minuit pour l'autre, dans les deux cas jusqu'au lundi à 5h. Une mise sous cloche par alternance qui n'avait toutefois rien de très original pour les Guyanais qui l'avaient déjà expérimentée durant plus de deux mois en 2020, à compter du 13 juin. 

La mesure, qui s'étendait à l'époque du samedi 13h au lundi 5h, avait alors pour but de freiner la circulation très active du virus notamment sur certaines communes du territoire français de l'Amazonie (Camopi, Cayenne, Iracoubo, Kourou, Macouria, Matoury, Montsinéry-Tonnégrande, Régina, Rémire-Montjoly, Roura, Saint-Georges et Sinnamary). Pour sept autres communes de l’ouest de la Guyane, elle s'étendait du samedi 17h au lundi 5h.

Des effets massifs sur la circulation de l’épidémie
Clara De Bort, directrice de l’ARS de Guyane, le 15 octobre 2020

S’il est difficile d’établir un lien direct, l'expérience semble montrer que la mesure s'est révélée efficace localement, bien que cela ait demandé un peu de temps. Ainsi, entre le 3 juillet et le 4 octobre dernier, le nombre quotidien de cas en Guyane est passé de plus de 470 cas pour 100.000 habitants à 45, soit dix fois moins avec une baisse très régulière. Le constat a été le même dans les hôpitaux malgré une décrue un peu plus lente, avec 156 hospitalisations pour Covid début juillet contre 19 le 13 octobre, soit huit fois. Enfin, dans les services de réanimation, le nombre de patients était tombé de 30 à 5 sur la même période, soit six fois moins. 

Il aura donc fallu attendre fin juillet, soit cinq semaines après le début des restrictions pour que la baisse s'amorce vraiment. "Les chiffres sont sans appel", commentait le 15 octobre sur France Inter Clara De Bort, directrice de l’Agence régionale de Santé (ARS) de Guyane confirmant que le couvre-feu (puisqu'on parlait alors de couvre-feu étendu le week-end et non de confinement, ndlr) "a eu des effets massifs sur la circulation de l’épidémie".

Qu'en est-il du renouvellement de la mesure en ce début d'année 2021 ? "Les chiffres que nous avons sont plutôt bons, un taux d'incidence à 114, on était à plus de 300, il y a quelques semaines, un taux de reproduction qui est à 0,7 alors que l'on sait que à partir de 1, il y a danger" se réjouissait déjà le 8 février, soit deux semaines après l'entrée en vigueur du confinement le week-end Thierry Queffelec, le préfet de Guyane. Et la diminution du nombre de cas n'a fait que se poursuivre puisque ce 3 mars, l'indicateur se situe à 31. 

Si, là encore, les chiffres actuels ont tendance à plaider en faveur de l'efficacité de cette alternative, la directrice de l'ARS de Guyane préfère nuancer. "Je dirai plutôt que c'est dû à un cumul de mesures. Le net recul est lié au couvre-feu mis en place très tôt, 18h, puis 17h. À cela s'est ajouté le dimanche. Ça a été un outil", a-t-elle ainsi eu l'occasion d'expliquer au Parisien. 

La Colombie

En dehors de nos frontières, quelques rares pays ont aussi tenté l'expérience. C'est notamment le cas de la Colombie où un confinement le week-end s'est appliqué tout au long du mois de janvier à Bogotá ou à Cali, troisième ville du pays. En pratique,  les commerces sont restés fermés entre le vendredi 20h et lundi 4h du matin et fin janvier 60% des 50 millions de Colombiens étaient concernés par des mesures de confinement. 

Verdict ? 4460 nouvelles contaminations quotidiennes en moyenne étaient recensées fin janvier d'après Reuters, soit le quart de ce qu'elles étaient lors du pic de l'épidémie, un mois plus tôt.

Le Portugal

Plus proche de nous, au Portugal, un tour de vis a aussi été opéré le week-end. À cette différence près que les restrictions supplémentaires les samedi et dimanche s'inscrivent dans un plan de reconfinement général, annoncé le 14 janvier dernier. En pratique, les commerces ferment donc à 13h le samedi jusqu'au lundi, ou 17h pour ce qui concerne les supermarchés. 

Si le lien de cause à effet semble là encore difficile à établir, les chiffres se veulent toutefois relativement éloquents. Toujours selon Reuters, 1681 contaminations par jour en moyenne étaient recensées fin février, soit 13% de ce qu'elles représentaient lors du pic, un mois plus tôt.


Audrey LE GUELLEC

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