Covid-19 : le vaccin plus efficace chez les femmes ?

Publié le 1 décembre 2020 à 16h35
Covid-19 : le vaccin plus efficace chez les femmes ?
Source : JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

TOUS ÉGAUX ? -L'efficacité de la vaccination contre le Sars-Cov-2 pourrait varier selon le sexe du patient. En cause ? Des gènes impliqués dans la réponse immunitaire qui se trouvent sur le chromosome X présent en double chez les femmes.

En matière de caractéristiques biologiques et physiologiques, exit la parité. Si ce constat ne date pas d'aujourd'hui, l'épidémie de Covid-19, et a fortiori le défi de la vaccination, pourrait faire office de "piqûre" de rappel. En effet, au moment où les experts s'accordent à dire que l'efficacité des futurs vaccins pourrait varier d'une catégorie de patients à l'autre, cela pourrait aussi s'appliquer au genre. "Il est probable qu'effectivement, les vaccins contre le Covid-19 soient plus efficaces chez les femmes, a commenté ce mardi le Pr Jean-Daniel Lelièvre, chef du service des maladies infectieuses de l'Hôpital Henri-Mondor et membre de la Haute autorité de santé (HAS). 

Derrière cette prédiction ? "Beaucoup de gènes de l'immunité sont sur le chromosome X. Or, les femmes ont deux chromosomes X, alors que les hommes n'en ont qu'un. On sait que pour un très grand nombre de vaccins, l'efficacité est supérieure chez les femmes. Les femmes se défendent mieux que les hommes face aux maladies infectieuses ".

"Une explication hormonale" ?

Le 18 novembre dernier, les premiers résultats d'une étude menée par des chercheurs de l'Institut Pasteur et du CHU de Strasbourg  avalisaient déjà la thèse d'une immunité plus longue des femmes par rapport aux hommes face au Covid-19. Dans le détail, 99 % des patients présentaient des anticorps dans leur organisme trois mois après avoir été contaminé et 84 % six mois après. Mais il en était ressorti aussi que le taux d’anticorps baissait plus rapidement chez les hommes, quel que soit leur âge ou leurs poids.  "Il y a peut-être aussi une explication hormonale, l'œstrogène joue peut-être un rôle" avait détaillé le Pr Samira Fafi-Kremer, directrice de l’Institut de Virologie de Strasbourg. D'emblée, ces conclusions avaient soulevé des questions concernant la stratégie vaccinale. "De réaliser que les femmes gardent une immunité plus longtemps peut permettre d'adapter la vaccination, réfléchir à quel dosage, à quelle périodicité en fonction de si on est une femme ou un homme", avait-elle ajouté. 

Mais il encore trop tôt pour être catégorique sur une différenciation genrée et l'hypothèse d'une vaccination possiblement plus efficace chez les femmes demande encore à être vérifiée. "On attend de pouvoir consulter l'ensemble des dossiers (relatifs aux essais cliniques) qui sont pour l'instant à la disposition des experts des autorités qui étudient la conformité des vaccins, c'est à dire l'ANSM en France", a souligné Pr Jean-Daniel Lelièvre, insistant sur le fait que plusieurs questions restent à éclaircir. 

Une stratégie vaccinale adaptée ?

Le cas échéant, il est déjà question d'adapter la stratégie vaccinale en fonction de la catégorie de patients. Il n'est pas exclu en effet, compte-tenu de ce qu'on sait du virus, que "l'évaluation de l'efficacité d'un vaccin contre le Covid soit différenciée en fonction du profil de population du fait d'éventuels effets spécifiques observés sur les patients âgés ou chez les patients obèses", indiquait sur ce point il y a quelques jours  Dominique Deplanque, professeur de pharmacologie médicale et directeur du Centre d'investigation clinique du CHU de Lille.  En conséquence, pour optimiser l'efficacité recherchée ou "pour écarter tout risque, les autorités pourraient en effet décider que tel ou tel vaccin pourrait être administré à telle population et pas une autre".

A noter d'ailleurs que depuis l'apparition du virus, cette différence entre les hommes et les femmes se vérifie aussi concernant les symptômes. Si les patients de sexe masculin et féminin sont infectés par le SARS-CoV-2 dans des proportions semblables, les hommes sont eux plus souvent concernés par des formes sévères et les séjours en réanimation.


Audrey LE GUELLEC

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