Les enfants n'ont-ils aucun risque d'avoir une forme grave du Covid, comme l'avance Marine Le Pen ?

Publié le 2 décembre 2021 à 18h57
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Image d'illustration - Source : CEDRICK ISHAM CALVADOS / AFP

CORONAVIRUS - Sur LCI, la candidate RN a partagé sa méfiance envers la vaccination des enfants contre le Covid, estimant que ces derniers étaient protégés contre les formes graves de la maladie. Pourtant, le risque existe mais il reste rare.

Vacciner ou non les enfants, là est toute la question à la lumière de cette nouvelle vague de l’épidémie et alors que 75,5% des Français ont un schéma vaccinal complet contre le Covid. Pour s’opposer à la vaccination des moins de 12 ans, Marine Le Pen a expliqué mercredi 1er décembre sur LCI que ces derniers risquaient de ne "développer aucune forme grave" de la maladie. Et que considérant les "effets secondaires" du vaccin, la balance bénéfice/risque était donc "défavorable à la vaccination des enfants". Des propos qui servent à appuyer sa position politique mais qui ne sont pas vrais pour autant.

Regardons les données publiées par Santé publique France (SPF) sur les hospitalisations et les décès liés au Covid depuis le début de l’épidémie. Celles-ci sont régulièrement mises à jour sur la plateforme GEODES et sont différenciés selon le type de maladie, le sexe ou l’âge. Si c’est bien la catégorie des enfants de 12 ans et moins qui nous intéresse, SPF distingue de son côté les 0-9 ans et les 10-19 ans. Ainsi, au 1er décembre, 64 enfants âgés de 0 à 9 ans et 46 enfants et adolescents de 10 à 19 ans étaient hospitalisés pour un cas de Covid. À la même date, 8 enfants âgés de 9 ans ou moins de 9 ans étaient admis en réanimation pour une forme grave de la maladie, aucun chez les 10-19 ans. 

Cela ne veut pas dire que tous ces enfants étaient en bonne santé avant de contracter le Covid et de développer une forme sévère. Selon l’étude PANDOR, 21% des 768 enfants hospitalisés entre mars 2020 et la mi-novembre 2021 présentaient des comorbidités. C’est notamment cette étude, qui a couvert un tiers des services de pédiatrie en France, qui a conduit la Haute autorité de Santé (HAS) à recommander la vaccination aux enfants fragiles. "Le bénéfice individuel de la vaccination est établi pour les enfants de 5 à 11 ans ayant des comorbidités et qui sont à risque de formes graves de Covid-19 et de décès. Au total, cela concerne un peu plus de 360.000 enfants en France", a communiqué l'autorité indépendante.

Le taux des admissions à l'hôpital et en soins continus par tranche d'âge, jusqu'au 21 novembre 2021
Le taux des admissions à l'hôpital et en soins continus par tranche d'âge, jusqu'au 21 novembre 2021 - SI-VIC, Santé publique France

Depuis mars 2020, des enfants sont également morts après avoir été diagnostiqués positifs au Covid, bien que leur proportion reste extrêmement minoritaire. Dans le détail, 13 enfants de 0 à 9 ans sont décédés ainsi que 15 enfants de 10 à 19 ans, selon Santé publique France. La HAS, elle, mentionne dans son avis du 30 novembre que "trois décès directement liés [au] Covid-19 ont été recensés chez les enfants âgés de 5 à 11 ans depuis mars 2020". Parmi les 28 décès chez les moins de 19 ans déclarés malades du Covid, d’autres causes ont pu intervenir, ce qui explique cet écart entre les données. 

Les autorités de santé sont particulièrement attentives aux cas de syndromes inflammatoires multi-systémiques pédiatriques (PIMS qui sont signalés par les pédiatres et qui sont liés en grande majorité à un cas de Covid. Entre le 2 mars 2020 et le 21 novembre 2021, 781 cas ont été rapportés à SPF, "dont 702 en lien" avec la maladie. "Un séjour en réanimation a été nécessaire pour 318 enfants (41%) et en unité de soins critiques pour 199 (25%)", selon l'organisme de santé.

Et au fur et à mesure que l’épidémie se poursuit, la littérature devient plus conséquente sur les Covid des enfants. Mi-septembre, au moment de la rentrée des classes, le Conseil scientifique s’inquiétait d’ailleurs, en tenant compte des exemples à l’étranger, que les enfants soient désormais plus concernés par des "formes sévères et graves liées au SARS-CoV-2" compte tenu de la circulation majoritaire du variant Delta, mais aussi par des formes longues de la maladie.

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Caroline QUEVRAIN

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