Coronavirus : le bilan humain sera t-il vraiment fiable ?

Publié le 2 août 2020 à 20h07
Un homme qui effectue un test de dépistage au coronavirus à Quiberon. Photo prise le 27 juillet 2020
Un homme qui effectue un test de dépistage au coronavirus à Quiberon. Photo prise le 27 juillet 2020 - Source : Fred TANNEAU / AFP

STATISTIQUES - Les chercheurs de l'Inserm qui planchent sur les causes de la mortalité en France et le nombre de décès liés au coronavirus déplorent le manque d'effectifs dans les colonnes du "JDD". Un problème qui pourrait affecter sur le long terme le calcul des morts liés au Covid-19 dans le pays.

"L’interprétation des évolutions de la mortalité issue des données d’état-civil selon le type de lieu doit être prudente". Dans ses conclusions de son étude sur la mortalité en France entre le 2 mars et le 31 mai, Santé publique France pointe la fiabilité relative des statistiques sur la mortalité en France. L’organisation explique ainsi que les causes de certains décès, notamment en Ehpad, sont difficiles à établir avec certitude. Pour disposer de statistiques solidifiées, il faut attendre les résultats de l'examen approfondi des certificats de décès.

Trois codeurs pour 600 000 décès

En France, ce travail revient au Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) rattaché à l'Inserm. Mais il y a un problème. Selon les informations du Journal du Dimanche, cette structure est "paralysée par un manque de personnel". L'analyse des informations médicales sur les certificats de décès et leur encodage selon les normes de l'OMS ne sera par conséquent pas achevée avant fin 2020. Claire Morgand, directrice du CépiDc, déplore dès lors des moyens trop limités pour produire les "données dans des délais raisonnables". Fin 2020, l'équipe ne comptera que trois codeurs pour traiter les 600 000 décès annuels. Elle précise que les données de mortalités pour 2017, 2018 et 2019 ne sont d'ailleurs toujours pas finalisées. 

Une surestimation des morts liés au covid-19 ?

Pour en revenir aux chiffres du coronavirus et au-delà de la difficulté de tenir les délais, la chercheuse pointe une potentielle "surestimation". Elle explique qu'en s'appuyant uniquement sur le comptage de l'Insee, certains décès par crises cardiaques ou AVC peuvent ainsi être comptabilisés par erreur. 

Enfin, dans les colonnes de l'hebdomadaire dominical, la directrice du CépiDc estime que des données plus fiables permettraient de mieux orienter la politique gouvernementale. Elles pourraient par exemple permettre de mieux "comprendre les raisons d'une augmentation soudaine de la mortalité dans tel ou tel département".


Maxence GEVIN

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