VIDÉO - Contamination des jeunes, masques, vaccination... Les mises au point du Pr Caumes

Publié le 4 août 2020 à 11h06, mis à jour le 4 août 2020 à 11h26

Source : TF1 Info

L’INTERVIEW DE LA MATINALE – Après avoir suscité de nombreuses réactions en proposant de laisser le coronavirus circuler chez les jeunes, le Pr Éric Caumes s'est expliqué mardi sur LCI. "Les jeunes se réunissent et font la fête : il faut prendre en compte cette variable comportementale dans nos analyses épidémiologiques", a-t-il estimé.

Faut-il laisser les jeunes se contaminer entre eux pour améliorer l’immunité collective au coronavirus ? L’idée émise par le professeur Éric Caumes, chef du service des maladies infectieuses à la Pitié-Salpêtrière (Paris), a été largement critiquée dans le monde médical. Sur LCI, ce mardi matin, il est revenu sur les raisons de cette proposition.

"Je suis parti du constat que les jeunes ne nous ont pas demandé notre avis : ils se réunissent et font la fête", indique-t-il. "Cela ne me choque pas que nous les laissions faire, mais si les personnes qui nous gouvernent n’empêchent pas" ces rassemblements, alors "nous sommes obligés de prendre en compte cette attitude", justifie le Pr Caumes. "Nous ne pouvons pas laisser le pays sous cloche pendant des mois ou des années, il faut essayer d’avancer, car nous allons au-devant d’une catastrophe économique."

"Les personnes fragiles doivent porter un masque lorsqu’elles voient leurs petits-enfants"

L’infectiologue a donc proposé de laisser les jeunes se transmettre le Covid-19 afin qu’ils développent des anticorps et participent à l’immunité collective, stratégie recherchée par certains pays pour endiguer l’épidémie. Mais pour atteindre l’efficacité recherchée, il faudrait que 70% de la population soient infectés, et non 5% comme actuellement. "Je n’ai pas parlé d’immunité collective au niveau de la population entière, mais au niveau des jeunes", se défend le Pr Caumes. "On veut les remettre" dans les établissements scolaires "dès la rentrée, donc il faut prendre en compte cette variable comportementale dans nos analyses épidémiologiques."

Un tel comportement des jeunes implique cependant de protéger les personnes les plus vulnérables, particulièrement frappées par l’épidémie. "Il faut mettre le paquet sur les personnes fragiles", prévient Éric Caumes. "Il ne faut pas fuir les jeunes, ni changer de trottoir car les contaminations sont quasiment inexistantes à l’extérieur, mais il faut faire très attention dans les réunions familiales." Le chef du service des maladies infectieuses à la Pitié Salpêtrière conseille d’ailleurs de réaliser les rassemblements de famille "en extérieur plutôt qu’en intérieur", et demande aux "personnes fragiles" de "respecter le port du masque lorsqu’elles voient leurs enfants et leurs petits-enfants."

"Si tout le monde portait le masque correctement, l'épidémie s'arrêterait"

Le port du masque, le professeur Caumes souhaite d’ailleurs le généraliser. "Si tout le monde portait le masque correctement, l’épidémie s’arrêterait", affirme-t-il. "Je pense qu’il faut rendre le port du masque obligatoire partout en intérieur." Même dans les entreprises. "J’ai bien peur qu’il faille annoncer aux Français de travailler en milieu intérieur avec un masque. Dans les hôpitaux, nous sommes masqués du début de la matinée à la fin de la journée. C’est donc ce qu’il va falloir faire en intérieur, dans les open-spaces... Il va falloir s’habituer à aérer les pièces, à travailler avec un masque, et à respecter la distanciation."

Une contrainte qui pourrait durer dans le temps. "Il faut faire avec les moyens que nous avons", demande le Pr Caumes. "Nous n’avons pas de vaccin, et je rappelle que cela fait plus de 30 ans que nous en attendons un contre le sida. Peut-être que nous aurons un vaccin dans un an, mais si cela se trouve, nous n’en aurons jamais." En revanche, se couvrir le visage dans la rue, comme le demandent plusieurs médecins, et à l’image de ce qu’ont entrepris plusieurs villes de France, ne semble pas efficace à ses yeux. "À l’extérieur, je ne suis pas sûr que le port du masque soit utile."

Vers une double épidémie Covid-19 et grippe cet hiver ?

Enfin, l’infectiologue s’est montré inquiet quant au retour des virus à l’hiver, comme celui de la grippe saisonnière. "Nous allons affronter l’hiver sans vaccin ni médicament antiviral, et nous allons avoir deux épidémies en parallèle : celle de Covid-19 et celle de grippe", prévient le Pr Caumes. "Tout cela va être atténué par le fait que nous allons tous porter le masque, que le traçage fonctionne de mieux en mieux." "Nous n’allons pas vers une épidémie majeure comme nous l’avons connue en mars et en avril", a-t-il toutefois précisé, "et le fait de respecter les mesures barrières diminuera considérablement l’importance de la grippe cet hiver."

Éric Caumes espère tout de même que la population se fera vacciner cet hiver contre la grippe : "J’espère que les autorités sanitaires appelleront la population dans son ensemble à se vacciner contre la grippe". De là à rendre cette vaccination obligatoire ? "Ce n’est pas à moi de juger, mais cela ne m'apparaîtrait pas une erreur de le faire."


Idèr NABILI

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